samedi 10 septembre 2011

Les rendez-vous de la rentrée littéraire

A noter le "Salon des écrivains croyants" le dimanche 9 octobre 2011 de 10 à 19h, au collège des Bernardins, leture d'extraits des inédits de Vladimir Volkoff dans Douce orthodoxie (collection Archipel slave, L'Age d'Homme) par Florence de Baudus à 16h 30.
www.ecrivainscroyants.fr/wp.../09/Ecrivains-croyants-9-octobre-2011.pdf


http://www.lagedhomme.com/boutique/fiche_produit.cfm?ref=978-2-8251-4153-3&type=47&code_lg=lg_fr&num=0


Lire les articles sur Douce orthodoxie de Volkoff par

- Thierry Jolif http://www.lacauselitteraire.fr/douce-orthodoxie-vladimir-volkoff.html

- Philippe Maxence dans L'Homme nouveau, n° 1500, 10 septembre 2011, p. 18.

La préface de Douce orthodoxie :
L’imprimerie miraculeuse

« Dieu est celui sans qui tout ne serait que jeu ou corvée », disait Volkoff en 1985, au moment de la sortie de la Lecture de l’évangile selon saint Matthieu, premier volume d’une série de trois livres où l’écrivain livrait ses commentaires des versets bibliques.
Que souhaitait faire Vladimir Volkoff quand il disait à ses amis qu’il aimerait écrire un texte sur la « douce orthodoxie » ? La mort a surpris l’écrivain en 2005 et le projet est resté dans les limbes. Les archives Volkoff comportent des inédits. En destinait-il certains à Douce orthodoxie ?
Six ans après sa disparition prématurée, nous sommes nombreux à avoir envie d’entendre et réentendre la voix si spécifique de ce grand écrivain. Son œuvre abondante et variée contient ses thèmes familiers qui font qu’on reconnaît l’écrivain entre tous. Y a-t-il un livre de Volkoff qui ne mentionne pas l’orthodoxie ? Je parierais que non, y compris dans les trois romans de science-fiction (Métro pour l’enfer ; Le tire-bouchon du bon Dieu ; La guerre des pieuvres).
Que recouvrait l’orthodoxie pour cet écrivain français de parents russes ? C’est le thème de ce volume de la collection « Archipel slave » où la Douce orthodoxie de Volkoff a sa place naturelle. Le lecteur n’y trouvera pas une étude de l’orthodoxie de Volkoff mais une série de textes sur le sujet, extraits de son œuvre et des inédits qu’il a laissés. Accompagnés de chapeaux introductifs pour situer les extraits.

Volkoff aimait à dire que le plus important est ce que l’on ne choisit pas. Avait-il choisi de naître homme, de parents russes orthodoxes émigrés en France ? L’orthodoxie était à la fois innée pour le jeune Vladimir, et le résultat d’une conversion intellectuelle comme on le verra dans son « Autobiographie ». Dans le contexte totalitaire ou vivaient les croyants de l’ex-URSS, l’orthodoxie fut aussi pour Volkoff une manière de combattre l’idéologie communiste. En évoquant les persécutions et les complexités de la survie de l’orthodoxie en régime totalitaire (Le Trêtre ; L’Hôte du Pape), sans compter les choses vues, simples et si justes. Comme cette scène de L’Hôte du Pape où Volkoff raconte l’atmosphère des églises dans l’URSS des années 60. Avec ses petites vieilles agressives, très critiques sur la tenue de celle-ci, les erreurs de celui-là qui ne sait pas se comporter pendant l’office. Des criailleries suivies de plaintes aux prêtres pour qu’ils prennent partie car on ne peut pas laisser tout faire et c’est un sacrilège… On imagine bien. Et Volkoff achevait le tableau non pas en accablant les petites vieilles acariâtres mais en les bénissant. Merveilleuses petites vieilles, disait-il, qui ont veillé sur les braises de la foi quand la persécution était quotidienne. De petites braises certes, et non pas un grand feu, mais des braises qui permettront les flammes renaissantes après le froid totalitaire.

Volkoff était un orthodoxe ouvert, grand lecteur de Serge Boulgakov et des livres de la collection de la « Sophia » de son ami Constantin Andronikof. Il était aussi curieux d’autres branches du christianisme, souvent par le biais des pays où il avait vécu : la France encore assez catholique des années 50, le Sud des Etats-Unis protestant des années 70-80, la France très déchristianisée et le retour en Russie dilatée d’orthodoxie après la chute du communisme, dans les années 90. Il avait aussi une attention pour le soufisme musulman, en lien probable avec son amour de l’Algérie.
Rien de sectaire en lui. Il parlait des offices et des lieux de culte qu’il fréquentait à Paris (Saint-Serge, rue de Crimée) et, dans les dernières années de sa vie en Périgord (Terrasson). Volkoff aimait ce monastère de la Transfiguration où « l’Esprit souffle sous sa forme la plus sympathique : l’amour, la joie, le respect mutuel, la communion des saints… et des pécheurs dont je suis. C’est là, pourquoi vous le cacher, que je passe Pâques, Noël et tous les dimanches que Dieu fait et où je ne suis pas par monts et par vaux ».

Vladimir Volkoff était un homme de convictions politiques et artistiques. Mais peut-on dans le domaine religieux parler aussi simplement de convictions ? Chaque vie a ses doutes, ses errements, ses retours. Ses tiédeurs ?, probablement pas. Et ses confusions, non plus. Dans le roman Alexandra, Volkoff avait forgé un mot pour qualifier la nouvelle religion que nous subissons depuis des années, il l’appelait le « toulemondisme ». Le credo des toulemondistes était simple : « Tu es Dieu, je suis Dieu, nous sommes Dieu ». Un brouet new age peu nourrissant et encore moins rassasiant.
Homme de fidélité, nourri de Dostoïevski, Volkoff a tissé une œuvre où l’orthodoxie a croisé tous les thèmes qui l’habitaient. Et de manière intrinsèque, son entrée en littérature était ordonnée par son christianisme. Témoin cette note où il explique l’extraordinaire pseudonyme qu’il avait choisi « Lavr Divomlikoff », une anagramme en forme de devise puisque « Divomlikoff » signifie « l’imprimerie miraculeuse ».
C’est le fil rouge qui nous tiendra lieu de repère dans cette anthologie de textes regroupés en sept parties : 1. Je crois ; 2. Les couleurs de l’orthodoxie ; 3. Littérature et conversion ; 4. Fidélité ; 5. Rencontre ; 6. Amitié pour les anges ; et pour terminer, 7. Confession. Avec des extraits de romans, de pièces de théâtre, de nouvelles, d’essai, des articles et des dessins.
L’ordre des textes n’est pas chronologique car l’orthodoxie a nourri toute l’œuvre de Volkoff, différemment, mais continument. J’ai donné un thème à chacune des sept parties mais j’aurais pu tout inverser : fidélité, conversion, couleurs, joie, car le chatoyant tissu volkovien est formé de fils multicolores entrelacés les uns aux autres, évidemment.
Volkoff avait emprunté la formulation « douce orthodoxie » à son éditeur et ami Vladimir Dimitrijevic, qui la tenait lui-même de Migrations, le célèbre roman de Milos Tsernianski. Le titre de ce volume s’imposait : Douce orthodoxie.

Lydwine Helly

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