Pour ceux qui ne connaissent pas Georges Haldas, cet extrait de son Ulysse et la lumière grecque, la dernière page du livre :
« Reste, et voilà ce qui compte, pour nous, qu’en donnant la priorité au terrestre et à l’humain sur une idéale, à la fois, et trop humaine condition céleste, les Grecs ont conféré comme un statut à la beauté et à la valeur de notre séjour terrestre. Et plus encore ils ont fait sentir à jamais, en dépit des abominations, que la vie sur terre est sans prix. Et que de cette inestimable valeur qu’elle représente – être au soleil, avec un corps, cette merveille (qu’a célébrée la statutaire) près de la mer parmi les oliviers – la lumière en était la manifestation sublime. Qu’aujourd’hui encore on peut voir.
Si donc – et comme nous l’avons dit au départ – à un moment donné, Celui que l’on sait a pu dire qu’il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis, quel prix aurait ce don, si la vie n’était pas, effectivement, le plus précieux des biens ? Ainsi les Grecs, en suivant leur inspiration, auront-ils, sans le savoir, préparé cet ultime dépassement de notre condition humaine. Leur attachement même au visible était comme l’indispensable tremplin pour notre accès à l’invisible. Ulysse, cette figure de proue se dressant à l’aube de la civilisation occidentale, par son destin même, illustre ce prix accordé à la vie terrestre et au quotidien. De quoi, dans ses tribulations, en effet, ne rêvait-il pas ? Sinon de vivre en paix, au jour le jour, dans sa terre natale, et parmi les siens, qui étaient ce qu’il avait de plus cher. Plus que l’héroïsme, plus que la gloire. Mais ici, un instant, qu’on me pardonne, je ferme les yeux. Et me retrouvant, comme jadis enfant, sur les rivages de Céphalonie (‘Samé’ chez Homère !), je vois, de l’autre côté du détroit qui l’en sépare, Ithaque. Qui, en une fin d’après-midi radieuse, est couleur de pain doré. C’est là que fut donc Ulysse, ‘l’homme aux mille tours’. C’est là, pour nous, qu’il est vivant encore. Vivant comme le sont les mythes. Et c’est avec émerveillement alors, et reconnaissance, que je regarde, une fois de plus, cette lumière grecque unique. Dont à juste titre on a dit qu’elle est, pour les yeux, comme pour l’esprit, un miracle. Par sa beauté même, porteuse de ce qui, dans l’ordre de l’invisible, passe toute beauté ».
Si donc – et comme nous l’avons dit au départ – à un moment donné, Celui que l’on sait a pu dire qu’il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis, quel prix aurait ce don, si la vie n’était pas, effectivement, le plus précieux des biens ? Ainsi les Grecs, en suivant leur inspiration, auront-ils, sans le savoir, préparé cet ultime dépassement de notre condition humaine. Leur attachement même au visible était comme l’indispensable tremplin pour notre accès à l’invisible. Ulysse, cette figure de proue se dressant à l’aube de la civilisation occidentale, par son destin même, illustre ce prix accordé à la vie terrestre et au quotidien. De quoi, dans ses tribulations, en effet, ne rêvait-il pas ? Sinon de vivre en paix, au jour le jour, dans sa terre natale, et parmi les siens, qui étaient ce qu’il avait de plus cher. Plus que l’héroïsme, plus que la gloire. Mais ici, un instant, qu’on me pardonne, je ferme les yeux. Et me retrouvant, comme jadis enfant, sur les rivages de Céphalonie (‘Samé’ chez Homère !), je vois, de l’autre côté du détroit qui l’en sépare, Ithaque. Qui, en une fin d’après-midi radieuse, est couleur de pain doré. C’est là que fut donc Ulysse, ‘l’homme aux mille tours’. C’est là, pour nous, qu’il est vivant encore. Vivant comme le sont les mythes. Et c’est avec émerveillement alors, et reconnaissance, que je regarde, une fois de plus, cette lumière grecque unique. Dont à juste titre on a dit qu’elle est, pour les yeux, comme pour l’esprit, un miracle. Par sa beauté même, porteuse de ce qui, dans l’ordre de l’invisible, passe toute beauté ».
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