samedi 26 décembre 2009

En attendant le 13 janvier 2010, soirée "Orthodoxie"

Vladimir Dimitrijevic
Directeur des Editions L’Âge d’Homme

a le plaisir de vous inviter à la présentation du livre
Le Prologue d’Ohrid
Vies des saints, Hymnes, Réflexions et Homélies
pour chaque jour de l’année


de
Saint Nicolas Vélimirovitch

Tome premier, de Janvier à Avril, relié, illustré,
traduit du serbe par Lioubomir Mihailovitch et Zorica Terzic,
introduction de Jean-Claude Larchet

Intervenants :
L’archiprêtre Nicolas Cernokrak,
doyen de l’Institut de Théologie Orthodoxe Saint-Serge à Paris

Jean-Claude Larchet, théologien et directeur de la collection
« Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle »

Lioubomir Mihailovitch et Zorica Terzic, traducteurs

Mercredi 13 janvier 2010 à 17h

Librairie L’Âge d’Homme
5, rue Férou – 75006 Paris
Tél. : 01 55 42 79 79 Fax : 01 40 51 71 02
Courriel : lagedhomme@orange.fr

dimanche 20 décembre 2009

En attendant le 13 janvier 2010, soirée "Orthodoxie"



Les éditions l'Âge d'Homme fêteront la sortie du Prologue d'Ohrid de Nicolas Vélimirovitch, traduit du serbe par Lioubomir Mihailovitch et Zorica Terzic, introduction de Jean-Claude Larchet (collection " Grands spirituels orthodoxes").

Le mercredi 13 janvier 2010 lors de la soirée "Orthodoxie" (5 rue Férou, 75006 Paris - M° Saint-Sulpice ou Mabillon ou Saint-Germain-des-Près).

En présence de Jean-Claude Larchet, Lioubomir Mihailovitch et Zorica Terzic, du père Cernokrak et de Vladimir Dimitrijevic.

Le livre est disponible en librarie depuis le 21 décembre au prix de 37 euros : http://www.lagedhomme.com/boutique/fiche_produit.cfm?ref=978-2-8251-4009-3&type=61&num=181&code_lg=lg_fr).

Le Prologue d’Ohrid est l’une des œuvres majeures et les plus connues de l’évêque serbe Nicolas Vélimirovitch. C’est une œuvre à la fois classique et originale. Divisée en autant de chapitres que de jours de l’année, elle comporte pour chacun : 1) une courte Vie des principaux saints du jour (c’est donc un Synaxaire abrégé) ; 2) un poème spirituel consacré à l’un de ces saints ; 3) une brève réflexion ; 4) un thème de contemplation ; 5) une courte homélie. Cet ensemble riche et varié en fait un manuel de vie spirituelle au quotidien. Relié et illustré.



En attendant le 13 janvier, bonnes fêtes de Noël et de fin d'année !

La librairie reste ouverte (- 20 à - 40 % jusqu'au 31/12/2009).


jeudi 10 décembre 2009

En attendant le 16 décembre 2009 : Soirée "Beaux et bons livres"

Merci à tous ceux qui affrontent le froid, bravent la grève et viennent choisir leurs "Beaux et bons livres pour Noël" à la librairie l'Âge d'Homme (5 rue Férou, 75006 Paris, M° St-Sulpice).
Remises exceptionnelles de - 20 à - 50 % ! Jusqu'au 31 décembre !
Livres d'art sur les icônes, les grands peintres, albums pour enfants, contes russes bilingues... et tout le catalogue (4100 titres) des éditions l'Âge d'Homme. Beaux livres à partir de 5 euros.
La vente exceptionnelle, aux mêmes conditions, continue toute la semaine à la librairie !
Et plus particulièrement le mercredi 16 décembre toute la journée ; verre de l'amitié de 18 à 20 h.

mercredi 2 décembre 2009

En attendant le 9 décembre 2009 : Soirée "Beaux et bons livres"




Rendez-vous le mercredi 9 décembre 2009 pour une vente exceptionnelle à - 20 - 40 % de "Beaux et bons livres pour Noël". En présence de Vladimir Dimitrijevic.
Voir le site Age d'Homme :
http://www.lagedhomme.com/boutique/liste_produits.cfm?code_lg=lg_fr&type=65&num=231




vendredi 27 novembre 2009

Compte rendu de la soirée du mercredi 25 novembre 2009

Nous étions environ cinquante dans la librairie de la rue Férou, venus écouter Gérard Genot et François Livi présenter "Le domaine italien à l’Âge d’Homme : de Dante à Corti". En présence de Vladimir Dimitrijevic. Avec deux traducteurs de l’italien, Andrea Vannicelli et Jean-Marie Debois, qui ont récemment traduit La terre des Guaranis de Corti.
Gérard Genot est professeur émérite de linguistique italienne de l’université Paris X-Nanterre, traducteur, poète, écrivain.
François Livi est professeur de langue et littérature italiennes à l’université Paris IV-Sorbonne, co-directeur de la Revue des études italiennes, président du Centre de recherches Pierre Emmanuel.
Une belle soirée mettant l’accent sur l’importance des traductions publiées à l’Âge d’Homme. Parmi lesquelles, l’extraordinaire et éclairante traduction annotée de la Divine comédie de Dante par François Mégroz ; celles des avant-gardes italiennes (Marinetti) ; celles de Giovanni Papini (2 livres nouveaux préfacés par François Livi – les livres sont à la librairie)…
Eugenio Corti a été tout particulièrement évoqué par Gérard Genot, François Livi et Vladimir Dimitrijevic. L’honnêteté d’inspiration de l’auteur du Cheval rouge, sa capacité à faire parler les protagonistes des siècles passés. Gérard Genot, traducteur du Caton l’Ancien, a témoigné de l’incroyable dextérité de Corti dans les scènes de batailles romaines. « Corti et Volkoff sont des auteurs qui font du bien » (Vladimir Dimitrijevic). On attend deux nouveaux livres de Corti au printemps 2010. On attend aussi un autre livre de Papini, et un livre de François Livi sur l'âme italienne à travers la littérature italienne au printemps 2010.
Les fêtes approchent : nous donnons rendez-vous à nos lecteurs et amis les mercredis 9 et 16 décembre 2009 pour deux soirées exceptionnelles. Le thème : « Beaux et bons livres pour Noël ». Une réduction de – 20 à – 50 % sur l'ensemble des livres.

jeudi 19 novembre 2009

En attendant le 25 novembre 2009. "Le domaine italien à l'Âge d'Homme : de Dante à Corti"


En avant-première, un extrait de la préface de François Livi du livre à paraître de Giovanni Papini, Concerto fantastique (nouvelles) :



Préface
"Giovanni Papini (1881-1956) nouvelliste n’est pas un inconnu en France. Il y a un peu plus de cent ans, le 15 janvier 1907, « La dernière visite du Gentilhomme Malade » paraissait dans La Revue. La même année le Mercure de France publiait, dans sa livraison du 1er novembre 1907, Trois nouvelles de l’écrivain italien, traduites par Claire Luchaire-Dauriac : « Le démon m’a dit » et « Celui qui ne put pas aimer », tirés du Tragique quotidien (1906) et « Deux images dans un bassin », tirée du Pilote aveugle (1907). Dans Le Démon m’a dit… (1923), une anthologie de nouvelles et essais, Paul-Henri Michel propose au lecteur français quatorze nouvelles. Dans sa Préface au Miroir qui fuit (1975), recueil de dix nouvelles, Jorge Luís Borges dit toute son admiration pour l’écrivain florentin. Cependant Concerto fantastique (1954) vient combler une lacune, car il offre pour la première fois au lecteur français la totalité des nouvelles de Papini, que l’auteur lui-même avait rassemblées, deux ans avant sa mort, dans ce fort volume.
Malgré sa boulimie de travail, ou à cause d’elle – les articles qu’il donne à la presse, les livres qu’il publie, les revues qu’il fonde –, le jeune Papini est habité par l’insatisfaction et le doute. Voici la conclusion d’un long épanchement, dans une lettre datée du 4 mai 1906 et adressée à Giuseppe Prezzolini, l’ami fraternel avec lequel il avait fondé à Florence, trois ans plus tôt, la revue Leonardo : « Désormais la faillite dont nous avons parlé est presque complète pour moi. J’ai publié les deux livres qui représentent à la fois la quintessence de mon activité de critique et de mon imagination. Le Crépuscule des dieux n’a pas obtenu le succès d’irritation que j’espérais, et le Tragique quotidien le succès d’admiration que je craignais, désormais j’ai une position reconnue parmi les jeunes auteurs et les enthousiasmes ne manquent pas. Mais je ne suis pas content – je ne suis pas content ! Je veux faire quelque chose, je veux me fabriquer une vie plus héroïque, je veux crier ce que je n’ai pas dit, je veux imposer ce que j’ai à peine esquissé. Que dois-je donc faire ? Que penser ? Où aller ? J’entrevois de possibles découvertes, des voix à éveiller, des coups qui n’ont pas encore été frappés. Mais où ? Mais quand ? Poète ou philosophe ? Magicien ? Ermite ? Suicide ? Je suis dans une forêt : les voix sont infinies : la fleur bleue ou le sort de l’aigle ? »
Après coup on peut sans doute donner une réponse aux questions que le jeune écrivain florentin formulait avec quelque emphase. Plus que le poète et le philosophe, ou le magicien, c’est assurément le narrateur qui a réussi à saisir les « voix infinies » de la forêt. Sans transformer l’œuvre variée et luxuriante de Papini en un jardin à la française, où régneraient l’ordre, l’harmonie et la symétrie, on peut relever que l’écriture de nouvelles et de récits la traverse de part en part, comme une allée royale. Elle l’accompagne pendant soixante ans, depuis la rédaction du « Problème » (1894), la première nouvelle de Papini, jusqu’à ce Concerto fantastique (1954) que le lecteur a actuellement en main.
Souligner l’importance de Papini nouvelliste signifie affranchir l’écrivain toscan des stéréotypes qui voudraient confiner son œuvre dans les quinze premières années du XXe siècle et en limiter la signification aux expériences des avant-gardes. Ce sont les années de Leonardo (1903-1907), revue d’idées dont la variété des intérêts s’inspire de Léonard de Vinci, et de Lacerba (1913-1915), fer de lance de l’avant-garde futuriste dans les domaines littéraire, artistique et politique. Papini a certainement joué avec brio différents rôles : le polémiste, le critique aux redoutables éreintements, le philosophe iconoclaste qui introduit le pragmatisme en Italie, l’intellectuel insatisfait en quête de nouveautés, le lecteur à la curiosité insatiable. Qu’il soit l’une des figures de proue de la culture italienne du début du XXe siècle, personne ne songe à le contester. Mais son parcours d’intellectuel et de narrateur ne s’arrête pas avec la Grande Guerre ni ne connaît un déclin irréversible, comme on a essayé de le faire accroire, après sa conversion au catholicisme, advenue en 1921. Les livres publiés dans les décennies suivantes – entre autres ses nouvelles – témoignent du contraire.
Les innombrables lectures du jeune Papini privilégient le roman ; le Journal 1899-1902 enregistre cependant la lecture de plusieurs auteurs de nouvelles, parmi lesquels Verga, destiné à devenir, avec D’Annunzio, Capuana, Pirandello et Dostoïevski, un auteur de référence pour Papini dans le domaine narratif.
1906-1914 : fantaisies, épanchements, caprices, divertissements
Les quatre premiers recueils de nouvelles de Papini sont solidement ancrés dans la culture du début du XXe siècle. Indissociables de l’itinéraire philosophique de leur auteur et de ses expériences littéraires, ils nouent des liens explicites ou implicites avec d’autres auteurs. Les treize récits du Tragique quotidien (1906) se fondent souvent sur des schémas quelque peu abstraits, reflets, en cela, de la réflexion du jeune antiphilosophe, plus séduit par les concepts et les paradoxes que par les exigences du genre narratif. Le dialogue ou le monologue dominent dans ces textes plus discursifs que narratifs. Mais le talent de Papini se manifeste, dès ce premier recueil, par son élégante reprise, ou renversement, de figures et de situations topiques – Hamlet, Dom Juan, le pacte avec le démon –, par son habileté à créer, avec une économie extrême de moyens, une atmosphère singulière, au seuil de l’insolite et du fantastique". [...]

vendredi 13 novembre 2009

En attendant le 25 novembre 2009. "Le domaine italien à l'Âge d'Homme : de Dante à Corti"




Quelques couvertures de livres à paraître le 25/11 dans le domaine italien.
Lire ci-dessous un extrait de la préface inédite de François Livi.

dimanche 8 novembre 2009

En attendant le 25 novembre 2009. "Le domaine italien à l'Âge d'Homme : de Dante à Corti"

Parmi les nouveautés présentées le mercredi 25 novembre 2009, Un homme fini de Giovani Papini, autobiographie, traduction de Gérard Genot, préface de François Livi.
Pour les lecteurs du blog, un extrait de la préface inédite de François Livi (parution le 23/11/2009) :
Préface
"Est-il décent d’écrire son autobiographie à l’âge de trente ans ? C’est précisément à cet âge, en 1911, que Giovanni Papini commence à rédiger Un homme fini. Achevé en 1912, ce livre singulier paraît à Florence au début de l’année suivante. Rappelons qu’Augustin d’Hippone commence à écrire ses Confessions en 397, à l’âge de quarante-trois ans et qu’en 1809, lorsqu’il s’attelle à ses Mémoires d'outre-tombe, Chateaubriand a tout juste quarante ans. Certes, il n’est pas requis d’avoir franchi les quarantièmes rugissants ou de s’en approcher pour s’adonner à l’écriture du moi, mais on relèvera aisément que dans la vie de Papini avant 1913 il n’y a pas eu d’événement comparable à la conversion retentissante au christianisme, qui marque, en 386, un nouveau départ dans la vie d’Augustin. Et l’on conviendra que la Florence, somme toute paisible, de la fin du XIXe siècle et du début du XXe – où selon Papini, « les élans confus vers une vie héroïque, digne, poétique » sont « bientôt niés et noyés dans la quotidienneté maudite d’une vie réduite, provinciale, étriquée et mortifiante » – est loin d’avoir connu les bouleversements politiques de la France à l’époque de la Révolution et de l’épopée napoléonienne, dont Chateaubriand a été le témoin attentif pour les avoir vécus.
On objectera qu’en 1913 Papini est loin d’être un inconnu. En effet il occupe une place de choix dans la culture italienne du début du XXe siècle et son nom, son œuvre, ont franchi les Alpes. Écrivain iconoclaste, ennemi juré du positivisme, de la culture officielle et académique, polémiste féroce, antiphilosophe refusant les systèmes établis, narrateur, critique, essayiste de talent, Papini a déjà publié plusieurs d’ouvrages – entre autres Le crépuscule des philosophes (1906), Le tragique quotidien (1906), L’autre moitié (1911), Des mots et du sang (1912) – et d’innombrables articles. Peut-on oublier son infatigable activité d’animateur culturel ? Papini fonde avec Giuseppe Prezzolini – à qui est dédié le chapitre « Lui » d’Un homme fini – une importante revue d’idées, Leonardo (1903-1907), plus tard, avec Giovanni Amendola, L’Anima (1911) ; il collabore à La Voce et à bien d’autres revues, participe aux batailles pour ouvrir la culture italienne aux grands courants européens. Aux yeux de la jeune génération, il est l’icône de la modernité.
Faut-il considérer pour autant Un homme fini est-il comme une autobiographie culturelle ? Et si tel était le cas, ce projet peut-il justifier à lui seul le livre ? Sans doute Un homme fini relève-t-il en partie de ce genre, mais ses enjeux et les ambitions de Papini vont bien au-delà. On ne saurait, autrement, d’expliquer le succès de ce livre qui a été tenu, à juste titre, pour le miroir d’une génération.

Papini commence par bousculer les bonnes habitudes de l’écriture autobiographique. Un homme fini est organisé comme une symphonie, comportant six mouvements, au lieu des quatre traditionnels (Symphonie intérieure en quatre temps était d’ailleurs l’une des formules auxquelles Papini avait songé pour définir ce livre) : andante, appassionato, tempestoso, solenne, lentissimo, allegretto. Les cinquante chapitres, de longueur variable, sont distribués harmonieusement dans les six sections du livre : cinq d’entre elles en comportent sept, tandis que lentissimo en a quinze. Que littérature et musique aient partie liée, ne saurait étonner, surtout à une époque où le rêve wagnérien d’une « œuvre d’art totale » ne s’est pas encore estompé. Mais la plupart des titres des chapitres sont, pour rester dans le domaine musical, asémantiques : ils ne donnent aucune indication précise au lecteur, à qui il reviendra d’en saisir la signification et la cohérence lorsqu’il aura compris la logique et les leitmotive de cette étrange symphonie. D’ailleurs celle-ci ne suit que de façon allusive la diachronie, puisqu’elle privilégie une histoire qui se joue des dates.
Le lecteur ne trouvera pas dans Un homme fini de repères chronologiques précis. Des dates, il n’y en a que trois dans tout le livre : celle de la parution du premier numéro de la revue Leonardo : « C’était le quatre janvier 1903 » note Papini ; et, dans l’un des derniers chapitres du livre, « Retour à la terre », celle de sa date de naissance : l’auteur est « un homme né en Toscane en 1881 ». Étrange affirmation, dont nous verrons plus loin la signification. Aussitôt après, l’indication que l’auteur est en train d’écrire ce passage en 1912. Quant au début du premier chapitre, « Un demi-portrait », rien de plus éloigné d’un hypothétique « je suis né… ». Qu’on en juge sur pièce : « Je n’ai jamais été enfant. Je n’ai pas eu d’enfance. Chaudes et blondes journées d’ivresse enfantine ; longues sérénités de l’innocence ; surprises de la découverte quotidienne de l’univers : que sont-elles donc ? Je ne les connais pas ou ne m’en souviens pas. Je les ai apprises par les livres, après ; je les devine, maintenant, chez les enfants que je vois ; je les ai ressenties et éprouvées pour la première fois en moi, mes vingt ans révolus, pendant quelques heureux instants d’armistice ou d’abandon. L’enfance est amour, elle est joie, elle est insouciance et moi je me vois dans le passé, toujours, séparé, triste, méditant. »
Coquetterie ? Autocompassion ? Provocation ? Sans doute. En réalité, une logique profonde sous-tend ces affirmations. « Je n’ai pas eu d’enfance » : l’enfance est synonyme de dépendance, d’abord de ses parents. Papini ferait-il sienne l’exclamation « Familles ! je vous hais !… » de Gide ? Point n’est besoin d’aller si loin. Mais pour l’homme qui aspire à devenir un surhomme, sinon Dieu lui-même – telle est l’ambition d’Un homme fini – il convient de fonder son ambition de grandeur sur une sorte d’autosuffisance absolue, sur une naissance à soi par soi-même. De ce fait le narrateur assigne à son père le rôle, somme toute modeste, de l’avoir initié indirectement au monde des livres et à cet autre grand livre qu’est la nature, en l’occurrence le paysage toscan.
La véritable naissance sera donc, pour Papini, la naissance à la lecture ; la prime enfance en est de ce fait exclue : Papini enfant naît au moment où la lecture lui permet de pénétrer dans le monde des livres, des idées, de la littérature. La naissance biologique n’a que fort peu d’importance ; les années de l’enfance qui précèdent l’accès à la lecture baignent dans l’insignifiance. Les dates peuvent donc être allégrement omises, dès lors qu’elles baliseraient le néant : « le vert paradis des amours enfantines » n’existe pas et Papini n’a aucunement l’intention de céder aux charmes de cet éden fictif. Tout au plus le narrateur peut-il s’apitoyer de loin en loin sur son moi en inventant, par l’écriture, des images d’un monde oublié parce que sans intérêt. S’il faut à tout prix évoquer l’enfance et l’adolescence, c’est essentiellement par l’accès aux livres – d’abord ceux de la petite bibliothèque paternelle, puis ceux des bibliothèques de la ville – que Papini le fera. La croissance de l’enfant et de l’adolescent est mesurée à l’aune de ses progrès dans la fréquentation de ce monde. Tel est le but du deuxième chapitre, « Une centaine de livres », et du troisième, « Un million de livres ».
Les émois de jeune Papini adolescent sont provoqués par les livres, par le désir d’être admis, alors que son âge ne le lui permet pas, dans les grandes bibliothèques, où il pourra emprunter librement et gratuitement des ouvrages. La bibliothèque est à la fois le paradis et le lieu interdit, dont un ange maléfique défend l’entrée : « Il y avait pourtant une difficulté : pour entrer dans ces paradis il fallait avoir au moins seize ans. J’en avais douze ou treize, mais j’étais presque trop grand pour mon âge. Un matin de juillet, je tentai ma chance. Je gravis un perron, qui me parut large et solennel, tout tremblant. Après deux ou trois minutes d’hésitation, le cœur battant la chamade, je me faufilai dans le bureau des communications, remplis tant bien que mal ma fiche et la présentai avec l’air embarrassé et méfiant de qui se sait en faute. L’employé – je me le rappelle encore, maudit soit-il : un nabot avec une grosse bedaine, deux yeux bleu pâle de poisson mort et un pli malveillant à la commissure des lèvres – me toisa d’un air de commisération et, de son odieuse voix traînante me demanda : “Excusez-moi, mais quel âge avez-vous ?” Je rougis plus de colère que de honte et répondis, me vieillissant de trois ans : “Quinze ans.” “Ce n’est pas assez. Je regrette. Lisez le règlement. Revenez dans un an”. » (« Un million de livres »)
... à suivre

vendredi 6 novembre 2009

En attendant le 25 novembre 2009. "Le domaine italien à l'Âge d'Homme : de Dante à Corti"

Le prochain « mercredi de la rue Férou » aurat lieu le 25 novembre 2009 (18h-20h)
Le thème : « Le domaine italien à L’Âge d’Homme : de Dante à Corti »
Les invités : Pr Gérard Genot et Pr François Livi, directeurs de la collection italienne.
En présence de Vladimir Dimitrijevic

Présentation de la collection, de la Revue des Études italiennes, des classiques et des nouveautés (Giovanni Papini)...

jeudi 22 octobre 2009

REMISE DE PRIX A VLADIMIR DIMITRIJEVIC (7/11/2009)

Information. Invitation :
La Fondation Zivko et Milica Topalovic a attribué son prix annuel à l’éditeur Vladimir Dimitrijevic « pour son zèle à faire connaître au monde le destin historique des Serbes et leur patrimoine spirituel ». L’écrivain Milovan Danojlic, président de la Fondation, remettra ce prix au lauréat, dans la grande salle, au sous-sol, de la Paroisse Saint Sava, 23, rue du Simplon à Paris (17e), le samedi 7 novembre 2009 à 19 heures 30. Vous êtes chaleureusement conviés à la cérémonie.

Compte rendu de la soirée du mercredi 21 octobre 2009

La librairie l'Âge d'Homme de la rue Férou accueillait le mercredi 21 octobre les éditions de La Différence. Les vitrines de la rue Férou pavoisaient aux couleurs de La Différence ; les livres des différentes collections de la maison formaient une mosaïque sur les tables (en particulier la collection de poche "Minos"). Colette Lambrichs et Joaquim Vital (éditeurs) et Bruno de Cessole qui a publié trois livres à la Différence. Les éditeurs ont présenté la maison d'édition qui existe depuis 33 ans. Orientée par ses fondateurs vers la poésie, les arts, la littérature de langue portugaise (coup de chapeau aux traducteurs) et la littérature belge. La Différence est une maison libre amie de l'Âge d'Homme qui la diffuse en Suisse. Sans Joaquim Vital, les Français ne connaîtrait que peu de choses de la littérature portugaise - de même que sans Vladimir Dimitrijevic, ils n'auraient pas connaissance des littératures slaves.
Bruno de Cessole a présenté ses derniers livres, en particulier Le moins aimé. Le roman de Charles de Sévigné, fils de la Marquise qui lui préférait Madame de Grignan. Nourri des mémoires de l'époque, dans une langue riche et fluide, Bruno de Cessole retrace la vie de Charles.

REMISE DE PRIX

Information. Invitation :
La Fondation Zivko et Milica Topalovic a attribué son prix annuel à l’éditeur Vladimir Dimitrijevic « pour son zèle à faire connaître au monde le destin historique des Serbes et leur patrimoine spirituel ». L’écrivain Milovan Danojlic, président de la Fondation, remettra ce prix au lauréat, dans la grande salle, au sous-sol, de la Paroisse Saint Sava, 23, rue du Simplon à Paris (17e), le samedi 7 novembre 2009 à 19 heures 30. Vous êtes chaleureusement conviés à la cérémonie.

lundi 12 octobre 2009

En attendant le 21 octobre 2009, soirée "Editions de La Différence"

La soirée du mercredi 21 ocotbre 2009 sera consacrée aux éditions de La Différence, maison d'édition libre, amie de l'Âge d'Homme. Nous recevrons Joaquim Vital et Colette Lambrichs (éditeurs) qui présenteront la maison, et Bruno de Cessole (rédacteur en chef des pages Culture de Valeurs actuelles, écrivain) qui dédicacera ses derniers livres parus à La Différence.
RV à 18h à la librairie du 5 rue Férou, 75006 Paris. M° Saint-Sulpice/Mabillon.
Visitez leur site : http://www.ladifference.fr/evenements/index.html

jeudi 1 octobre 2009

Compte rendu de la soirée du mercredi 30 septembre 2009

Nous étions entre 40 et 50 personnes au 5 de la rue Férou .
Après une présentation de son livre L'Enfer du virtuel par Sébastien Vaas, le débat a commencé : très riche et animé. En présence de parents, éducateurs, professionnels de l'informatique, médecin, étudiants... Chacun se sentait concerné, car on vit tous, plus ou moins volontairement, à l'heure d'Internet.
Il faut lire et faire lire à des parents et des éducateurs le livre de Sébastien Vaas. L'auteur a 28 ans ; il raconte dans la première partie du livre son immersion dans Internet pendant une dizaine d'années, à la fois sur un plan professionnel et sur le plan personnel. Plus rien n'existait en dehors de l'écran où il passait, comme beaucoup, plus de 12 heures par jour. On peut parler d'une addiction, avec phénomène d'intoxication, polarisation, accentuation de l'addiction, difficultés de sevrage... Il existe d'ailleurs aux Etats-Unis et au Japon des cures de désintoxication pour les "drogués de jeux vidéo et d'Internet".
Les questions concernant Internet sont nombreuses et complexes. On peut se demander si c'est une technique ou une technologie. Le livre de S. Vaas revient sur cette importante distinction.
L'utilisation d'Internet n'est pas la même lorsqu'il s'agit d'enfants, d'adolescents, jeunes et lorsque ce sont des adultes structurés qui ont connu une autre culture que celle d'Internet.
Tout a changé avec l'ADSL, c'est-à-dire l'accès illimité pour une somme relativement modique à Internet.
Il faut distinguer information (Internet) et savoir (individuel) : l'information n'est pas le savoir.
Pourquoi Internet connaît-il un tel succès ?
Sébastien Vaas est un précurseur. Il propose avec courage et sincérité une réflexion sur ce qu'il a vécu et des solutions pour en sortir.
Le débat est loin d'être terminé...

samedi 19 septembre 2009

En attendant le 30 septembre 2009, soirée-débat sur Internet

Un texte de présentation de Sébastien Vaas, notre invité du 30/09 :

"L’ENFER DU VIRTUEL, ABOUTISSEMENT DE L’IDÉOLOGIE DES DROITS DE L’HOMME"

Depuis la Révolution Française, la notion de liberté individuelle a toujours été plus défendue et exaltée. Non pas que les sociétés antérieures ne connaissaient et ne reconnaissaient pas la liberté, mais jamais auparavant celle-ci n’avait été placée comme valeur suprême – au-dessus de la Nation, de l’Église et de toute autre réalité supra-personnelle. Ainsi, la déclaration universelle des Droits de l’Homme de cette époque prétendait garantir et encourager le plus possible de liberté individuelle, à condition que « celle-ci n’entrave pas celle des autres ».
Comme l’ont montré divers auteurs, nous vivons désormais dans un monde où est Bien tout ce qui accroît la liberté individuelle, et où est Mal tout ce qui la restreint et la bride. Partout dans le monde, les masses sont éduquées selon ce nouveau catéchisme, qui leur semble bien sûr plus avantageux que l’ancienne morale. Et c’est pourquoi l’émergence des mondes virtuels – Internet – a été vécu unilatéralement comme un formidable Bien.
En effet, l’exploration des mille facettes du Web – blogs, forums de discussion, chats, sites de rencontres, etc. – est une entreprise sans fin à laquelle chacun peut se livrer sans contrainte. Seul face à son écran, libéré de tout regard extérieur, l’internaute peut, au gré de ses envies, s’instruire, s’exprimer et se construire un univers virtuel qui lui est propre. Une deuxième vie émerge, une vie exaltante car apparemment dégagée de tout cadre matériel et social.
De ce point de vue, nous comprenons pourquoi Internet exerce une telle fascination sur les esprits, nourris de l’idéologie de 1789 depuis leur plus tendre enfance. En revanche, en restant sur une ligne de débat purement idéologique, il nous est impossible de comprendre pourquoi, trop souvent, les mondes virtuels se transforment en prisons subtiles desquelles les êtres ne peuvent et ne veulent plus sortir.
Aujourd’hui, un témoignage de l’envers du décor des paradis virtuels nous est fourni par Sébastien Vaas qui, dans son ouvrage L’Enfer du Virtuel paru chez l’Age d’Homme, retrace son parcours de plus de 10 ans dans les affres du Web. Fasciné dès l’âge de 14 ans par ce nouveau monde qui émergeait, réussissant très vite à y gagner sa vie tout en développant des sites communautaires de plusieurs dizaines de milliers de membres, il finira par tout quitter en 2005 pour retourner vers ce qu’il estime être la vraie vie.
A travers ce livre, il ne s’attarde pas trop sur les aspects personnels de son parcours, mais il tente de déceler quels sont les effets intérieurs qu’Internet cause inévitablement chez ses utilisateurs. Un constat objectif, dégagé de tout préjugé idéologique, apparaît alors progressivement : l’être ayant choisi le confort du virtuel avant la vie réelle se retrouve toujours plus isolé, dans une confusion mentale extrême et incapable de participer constructivement à la société. Sa nouvelle personnalité virtuelle, loin d’être une ouverture au monde, le coupe des autres, empêche toute forme de communication véritable et conduit au final vers une forme d’autisme hyperactif – le « syndrome d’Asperger » – qui est en train de devenir un fléau en Californie, sur la terre de l’industrie informatique, et qui laisse présager quelle sera la société de demain.
L’humanité finira-t-elle par se rendre compte de l’impasse vers laquelle elle se dirige en se laissant glisser vers les plaisirs du virtuel ? Rien n’est moins sûr, car les idéologies défendant la liberté individuelle sont si profondément ancrées dans les esprits que bien peu iraient jusqu’à les remettre en question. C’est une toute autre vision du monde qu’il s’agirait de retrouver, et c’est ce que tente de faire Sébastien Vaas dans la seconde partie de son livre où, à partir de son expérience de « retour dans le monde », il balise les pièges à éviter et indique des pistes pour réappréhender ce qui constituerait une authentique vie sociale naturelle.
Il n’est pas pour autant proposé dans cet ouvrage des formules toutes faites pour « mieux communiquer », ni un idéal de retour vers une Nature mythique qui n’existe pas (ou plus). Car ceux qui voudraient, à l’avenir, sortir de l’enfer du virtuel devront avant tout effectuer un profond redressement intérieur – combat pénible, porteur de souffrances, mais qui peut être mené avec succès lorsqu’on a compris qu’il s’agit d’une question de vie ou de mort.
Plutôt qu’une méthode de développement personnel, la voie qui est montrée est celle de la connaissance de soi, et surtout de ses propres travers. Car la réalité à laquelle n’avaient pas pensé les idéologues des Droits de l’Homme, c’est que l’homme laissé à lui-même n’a pas de défenses contre ses propres faiblesses. Il se laisse aller à toutes sortes d’habitudes, de névroses, de vices qui finissent par devenir des monstres ingérables – des accumulations de pathologies qui submergent l’être malgré les bonnes intentions qu’il a pu avoir en rejoignant les mondes virtuels.
L’ordre social, qui apparaît toujours trop tyrannique aux jeunes générations, est en fait un rempart contre l’effondrement intérieur qui guette tout individu livré à lui-même. On pense que la meilleure société serait celle qui accorde le plus de liberté à ses membres, mais en réalité une telle société conduit à une aliénation profonde qu’on commence à entrevoir aujourd’hui avec l’avènement d’Internet.
L’être humain a besoin de compagnons avec qui traverser les épreuves de la vie, ainsi que de repères pour se réorienter lorsqu’il sombre dans l’oubli. Il a besoin d’un ordre extérieur pour retrouver son propre ordre intérieur : voilà la vérité à laquelle reviennent ceux qui ont un sincère désir de s’en sortir.
C’est pour ces raisons que L’Enfer du Virtuel ne se termine pas sur une solution individuelle, mais qu’il invite ses lecteurs à envisager un retour vers une forme de société qui permettrait à ses membres de se pousser mutuellement vers le haut. Partant du constat que la civilisation moderne, bâtie sur les idéaux des Droits de l’Homme, n’offre plus un tel cadre, l’auteur suggère de se rassembler au sein de cellules de vie, afin de redécouvrir petit à petit ce que peut être une société organique, harmonisée avec les lois les plus élevées de l’Univers.
Il est probable que la majeure partie de l’humanité continuera sa descente vers le virtuel, et que ces mondes-là deviendront toujours plus réels et cohérents. Mais pour les êtres qui ont compris que la liberté individuelle a des limites – et qu’elle n’a aucun sens en dehors d’un cadre social harmonieux – il est temps de repenser et de reposer les bases d’une société saine afin que les générations futures disposent d’une alternative concrète aux cocons virtuels.

Sébastien Vaas

dimanche 6 septembre 2009

En attendant le 30 septembre 2009, soirée-débat sur Internet

Comme promis les premières pages du livre de Sébastien Vaas sur L'enfer du virtuel :

Sébastien VAAS
L’ENFER DU VIRTUEL. La communication naturellepour sortir de l’isolement technologique

Avertissement
Ce que l’on trouvera dans les pages qui suivent n’aurait pu être écrit si je n’avais pas été au bout de l’expérience virtuelle. Ce parcours de plus de 10 ans, j’ai dû le revivre pendant l’année où je me suis consacré à l’écriture de ce livre – j’ai dû me remettre à la place qui avait été la mienne afin de bien comprendre les illusions qui m’avaient attaché autrefois à ce monde sinistre qu’est le virtuel.
Cette manière particulière d’écrire fait qu’il ressort de la première partie une vision du monde assez étroite, compliquée et sans doute très étrange pour ceux qui n’ont jamais vraiment « croché » avec Internet. Ce n’est que dans la seconde partie, là où je m’intéresse à la question de la communication (et de la technologie) par rapport à l’ensemble de la société, qu’on perçoit mieux, je crois, où je voulais en venir et que l’horizon s’élargit.
J’aurais sans doute pu réécrire la première partie pour qu’elle soit plus nuancée, qu’elle place moins la technologie comme bouc émissaire et plus l’homme face à ses responsabilités. Mais, je pense que cela aurait diminué l’impact des arguments et rendu plus difficile de voir où Internet nous mène en tant qu’individus et en tant que société.
J’ai donc choisi de garder mon manuscrit tel quel – comme le témoignage d’un parcours, forcément imparfait – sachant que la deuxième partie rectifie largement les illusions dont la première est encore entachée.
J’espère que le lecteur aura la patience de descendre avec moi dans l’enfer du virtuel et qu’il aura le courage de tenir le fil jusqu’au bout, jusqu’à une vision renouvelée du monde.

PREMIÈRE PARTIE : L’IMPASSE D’INTERNET
CHAPITRE 1 ; DÉMYSTIFIERL A TECHNOLOGIE

Dans les chapitres qui suivent, je propose d’aller regarder « derrière le décor » des principales technologies de télécommunication qui peuplent la société actuelle, et plus particulièrement Internet, la « vedette » qui a conquis en 10 ans la majorité de la population des pays développés.
Mon approche sera particulière, « originale » car nous essaierons de regarder ces technologies d’un point de vue intérieur, alors que la plupart des ouvrages sur ce sujet ont un angle d’approche « sociologique », ils observent la société d’un point de vue extérieur, « scientifique ».
Or, ces deux points de vue sont souvent diamétralement opposés. L’exemple le plus frappant est pour moi celui de la prétendue vitesse qu’offrent toutes ces technologies. Les sociologues l’acceptent comme une donnée évidente et pourtant il semble que personne n’a remarqué que l’être humain se trouve toujours plus paralysé. Qu’il soit derrière le pare-brise de sa voiture ou l’écran de son ordinateur, il reste assis, respirant à peine, et seul son cerveau s’agite.
Mon expérience personnelle me permettra de faire cette « visite guidée » et d’affirmer des choses pas toujours « scientifiquement prouvées » mais que l’on pourra éventuellement vérifier par soi-même. Je ne prétends bien sûr pas avoir raison sur toute la ligne – pour beaucoup de choses, j’ai dû me fier à mon intuition – mais j’espère que les visions que j’offre pourront entrer en résonance chez d’autres.
10
Bien loin d’être une licence pour s’enfermer dans le subjectivisme, je crois que la connaissance de soi est la seule base sûre pour émettre des opinions sur le monde, alors que tout le reste n’est généralement que suppositions émises de loin (et la Science avec un grand S n’échappe pas à cette règle).
Je me baserai le plus possible sur des exemples simples et sur ce qu’on appelle le « bon sens ». En revanche, j’éviterai les considérations trop abstraites, les jeux de mots philosophiques qui ont tendance à cacher les réalités les plus élémentaires. Certains développements sembleront sans doute fastidieux – composés d’évidences qu’on connaît déjà – mais il faut rétablir les bases avant de pouvoir poursuivre plus avant les réflexions.
Le fantasme technologique
Il est assez paradoxal que les technologies – cette création de l’homme où chaque pièce a une fonction dûment établie – aient en même temps fait l’objet d’innombrables fantasmes. Au début, le téléphone nous promettait juste de nous rendre la vie plus facile, mais, de nos jours, avec les mondes virtuels, c’est la « conscience cosmique », l’immortalité et l’omniscience absolue qu’on nous promet à demi-mot, même dans les grands médias.
Les ouvrages et films de science-fiction – même lorsqu’ils émettent de vagues mises en garde – n’arrêtent pas de capter les imaginations et de nourrir mythes et espérances. Ce qui part, peut-être, d’une simple inspiration « poétique » d’un auteur, semble presque devenir une réalité de par le fait que la technologie promet, à l’avenir, de façonner la réalité entièrement à notre convenance.
L’expérience soviétique a pourtant montré qu’il ne suffisait pas de croire ensemble à de belles théories, à des mythes séduisants, pour qu’ils deviennent réalité. Malheureusement, lorsqu’on a trop pris l’habitude de rêver, il devient difficile de se réveiller lorsque le rêve tourne au cauchemar.11
Le propre d’un mirage, c’est qu’il se trouve au loin. Notre regard est porté par l’oasis qui s’éloigne toujours plus, mais qu’on imagine toujours plus luxuriante. Pour ne pas mourir de soif, il y a cependant un moment où il faut arrêter de courir, admettre qu’il y a un problème et agir en conséquence.
Nous n’en sommes pas encore au point du film The Matrix des frères 􀁉����􀁩�􀁝���������������������������������������Wachowski,�������������������������������������où la Terre n’est plus qu’un énorme désert électrifié et où les êtres humains sont prisonniers dans des cocons tout en voyageant dans un univers virtuel. Mais ce film pourrait se révéler étrangement prophétique si on ne commence pas à se réveiller du mirage technologique.
Je propose donc de laisser résolument de côté toutes les spéculations faites sur le futur – tant positives que négatives – et d’examiner l’état actuel des choses. On pourrait penser que dans une société rationnelle comme la nôtre, des spécialistes aient déjà étudié ces questions, mais il y a, en réalité, comme un trou béant à ce sujet. Or, cela fait 10 ans qu’Internet est devenu « grand public » et, aujourd’hui, dans les sociétés occidentales, toutes les générations y ont accès et l’utilisent quasi quotidiennement.
Nous pouvons donc légitimement nous demander : est-ce que les promesses faites, déjà en 1942, par un certain Norbert Wiener – le père de la cybernétique – ont été tenues ? Connaissons-nous seulement ces promesses ou les avons-nous oubliées comme on oublie les promesses des politiciens après les élections ?
Les trois prochains chapitres examineront les principales promesses faites par ce que le sociologue Philippe Breton a appelé « l’idéologie de la communication » – qui est en fait surtout l’idéologie de la télécommunication. Ces trois promesses sont : rapidité des échanges, partage universel de la connaissance et rapprochement des êtres. Elles sont
1. On considère généralement qu’Internet est vraiment devenu « mainstream » au moment où Internet Explorer a été automatiquement intégré à toutes les versions de Windows, c’est-à-dire en 1998.12
implicites, gravées dans les technologies, répétées encore et encore par les médias, à tel point que nous les considérons presque comme déjà accomplies… Mais le miracle/mirage s’est-il vraiment réalisé ou, au contraire, sommes-nous trop occupés à courir après d’autres technologies, d’autres « progrès » pour constater lucidement l’échec ?
L’anomalie technologique
En fait, si au lieu de concentrer notre attention sur un point dans le futur, nous l’élargissons vers le passé, nous constatons que l’arrivée de nouvelles technologies a toujours été vécu comme une intrusion dans un mode de vie naturel qui n’était certes pas idéal, mais au sein duquel les gens trouvaient un certain équilibre.
Les enthousiastes des technologies se réjouissent de l’éclatement des limites, mais ces limites n’étaient pas forcément vécues comme contraignantes par ceux qui n’imaginaient même pas qu’elles puissent être franchies, et elles garantissaient une protection contre la folie des hommes ainsi qu’un cadre où des choses positives pouvaient parfois se développer.
On imagine le passé comme une succession de barbaries, mais les guerres d’autrefois étaient souvent de portée limitée, car aucun royaume ne voulait voir se faire décimer tous ses hommes bien portants et ainsi risquer la famine. Aujourd’hui, comme le développement technologique – notamment nucléaire – permet de détruire l’autre presque sans aucune perte, comme nous avons pu le voir depuis la première guerre du Golfe, seuls de complexes organismes internationaux peuvent tenter de mettre quelques limites.
Mais retrouvera-t-on jamais un équilibre naturel de cette manière alors que le développement technologique avance plus vite que jamais ?
Un homme fit remarquer qu’autrefois, lorsque les conditions de vie devenaient trop pénibles, les gens se révoltaient et les autorités devaient revenir à des exigences plus 13
« humaines ». Mais maintenant que des drogues – notamment les antidépresseurs – existent, les gens sont capables de supporter ce qui serait autrement insupportable.
Cet homme est Ted Kaczynski – alias Unabomber – et ses réflexions furent publiées de force dans le New York Times après qu’il ait envoyé une dizaine de lettres piégées à des chercheurs travaillant dans la haute technologie, et qu’il en ait tués trois.
Quoique nous ne soutenions aucunement ces méthodes, pour des raisons que nous donnerons clairement bientôt, il est tout de même intéressant de remarquer qu’il ait fallu tant de meurtres – commis sur près de 20 ans – pour que soient publiées des réflexions mettant en doute la place de la technologie dans une vie sociale saine.
Ce n’était là que la pointe de l’iceberg car, si la technologie a eu dès ses débuts son lot de fanatiques, elle a aussi connu des adversaires passionnés. Quoique partisane, l’Histoire a tout de même retenu la révolte des Luddites – du nom de leur contestataire en chef, Ned Ludd – des travailleurs anglais qui détruisirent des machines qu’on avait amenés dans leur atelier de tissage pour « faciliter » leur travail.
Cette révolte était-elle seulement due à la peur de perdre un emploi, ou y avait-il une raison plus profonde, plus obscure, comme le ferait penser la fascination qu’elle a générée et continue de générer de nos jours dans certains milieux ?
Sans aller jusqu’à ces extrêmes, on peut tout de même noter qu’il y a toujours eu de la méfiance envers ces innovations technologiques, avant qu’elles ne soient adoptées par la « force des choses » – et surtout par les nouvelles générations. On met généralement ces résistances sur le dos d’un « conservatisme irrationnel » et on projette ce problème sur de vieux paysans réactionnaires qui « ne comprennent rien au monde ».
Mais y a-t-il seulement quelqu’un qui comprend vraiment ce qui se passe ? Y a-t-il un conducteur à cette machine « qu’on n’arrête pas » qu’est le progrès ?14
L’obscurantisme scientifique
Je souhaite exprimer là une révolte profonde contre les vulgarisateurs scientifiques qui tentent de montrer la science de manière favorable, en redoublant d’efforts pédagogiques et en racontant de « belles histoires » sans jamais expliquer vraiment comment « avance » cette Science qui est supposée faire la fierté de l’homme et être l’apogée de la Création.
On nous présente la Science comme une conquête progressive de la connaissance et donc le scientifique comme un être passionné ayant un profond contrôle de ce qu’il étudie. En réalité, la Science – telle qu’elle est pratiquée depuis le début de l’ère industrielle – « progresse » de manière presque barbare, par une succession d’essais et d’erreurs jusqu’à obtenir quelques résultats.
Le « génie » génétique consiste, grosso modo, à bombarder des particules sur des brins d’ADN jusqu’à obtenir quelques croisements intéressants. Il y a bien, à la base, quelques hypothèses, quelques analyses, mais plus vite sont accomplis ces essais-erreurs, plus vite on obtient des résultats et c’est pourquoi l’essentiel de l’argent des « recherches » est dépensé à développer des machines pour effectuer ce travail plus rapidement.
Et, bien sûr, les fondements théoriques de ces pratiques – l’idée que la vie est « encodée » dans de l’ADN, par exemple – ne sont qu’hypothèses de travail, contestables et contestées sous bien des aspects. On pense au final ce qui nous arrange, comme on peut le voir clairement en ce qui concerne la nanotechnologie qui est vulgarisée comme étant un « assemblage d’atomes sous forme de mini-robots », alors que cela fait près d’un siècle que la physique quantique reconnaît que le fondement de la réalité est immensément plus complexe que la vision atomiste, passant d’ondes à particules suivant ce qu’on y cherche. La plupart des « photographies » qu’on nous montre sur ces recherches sont en fait modélisées par ordinateur à partir de données mathématiques !1
Quiconque écrit sur la place de la Science dans la société est franchement hypocrite s’il ne reconnaît pas qu’elle avance dans un flou absolu et qu’aucun scientifique ne sait vraiment quelles forces il manipule. Et ne parlons pas non plus des millions d’animaux sacrifiés sur son autel, ni des innombrables hybrides abjects qui naissent pour chaque « erreur » du génie génétique .
Le « Siècle des Lumières » a initié, en fait, une période de profond obscurantisme et, à force de baigner dans cette ombre et cette confusion, nous avons fini par la considérer comme « normale ».
Bien sûr, reconnaître profondément ces faits n’est pas aisé car, alors, s’effondre l’image de l’homme tout-puissant, du scientifique conduisant sagement l’humanité vers un monde meilleur, et puis les milliers de contes de fées scientifiques qui nous ont peut-être émerveillé dans notre enfance.
Ce qu’il importe de retenir, c’est que si les scientifiques ne savent pas vraiment ce qu’ils créent, s’ils se contentent de vagues hypothèses, alors il est normal et sain que la population – à qui ces innovations sont destinées – soit méfiante. Même si la plupart sont athées ou placent Dieu bien au-dessus de ce monde, il en reste tout de même quelques-uns pour ressentir le caractère sacré de la Nature et pour savoir qu’on ne joue pas avec elle sans conséquences.
De toute façon, si un shampooing a nécessité le sacrifice « scientifique » de milliers de vies animales, si la moindre puce de téléphone portable produit des kilos de déchets pour sa fabrication , on pressent qu’il y a un problème et que le monde lumineux de la technologie est construit sur des bases tout à fait obscures. On peut alors peut-être comprendre
1. Selon les statistiques officielles, il y aurait à travers le monde 115millions d’animaux enfermés dans des laboratoires, attendant sous la lumière des néons une mort des plus atroces.
2. On se référera à l’étude très fournie de Pièces et Main d’oeuvre sur ce sujet méconnu : Le portable, gadget de destruction massive, juin 2005, Grenoble.16
pourquoi cette intrusion technologique a généré, malgré les promesses enthousiastes d’un paradis futur, des réactions violentes de rejet.
Je ne cacherai pas que j’ai côtoyé un temps des activistes passionnément anti-technologie. Certains, mis face à cette horreur, finissaient par penser que la méthode employée par Unabomber était la seule qui puisse encore se targuer d’être « morale ». Ils étaient mis face à un monstre qui détruisait tout ce qui était cher à leurs yeux, et ils ne rêvaient que de le détruire…
Mais le problème est plus compliqué qu’à l’époque des Luddites, car nous sommes aujourd’hui dans ce « monstre » et si nous arrivions hypothétiquement à le détruire, nous risquerions de nous détruire nous-mêmes. Par cette image, je ne souhaite pas seulement rappeler notre dépendance au système industriel mondial pour notre survie – problème insoluble en lui-même et qui est plutôt décourageant si on le prend de ce côté – mais surtout introduire le fait plus difficilement discernable qu’à force d’utiliser des machines, nous sommes en partie « devenus des machines » (au sens métaphorique ou du moins psychologique du terme) et il n’est pas sûr que nous soyons aptes à reconstruire une société harmonieuse si ce « système » – tant haï par certains – venait à s’effondrer.
J’ai connu dans ma vie une personne qui affirmait haut et fort qu’il valait mieux d’abord tout détruire avant de chercher à reconstruire. C’était la personne la plus asociale et arrogante que j’ai jamais côtoyée. Sa rencontre traumatisante m’a fait profondément rejeter ce courant de contestation par la violence, heureusement avant que je m’y investisse. Comment pouvait-on dire agir pour le bien tout en étant si détestable avec les autres ? Je ne pouvais tout simplement pas imaginer quel type de monde il aurait créé s’il en avait eu le pouvoir.
J’ai, depuis, pris le parti – d’abord inconsciemment, puis plus clairement et ce livre en est l’aboutissement – qu’il fallait d’abord chercher à s’harmoniser avec les êtres qui 17
nous entourent, construire ce à quoi notre coeur aspire et, à ce moment, la technologie ne sera plus en aucune manière indispensable. Même si une partie de l’humanité reste paralysée dans cette impasse, cela ne nous influencera plus car nous aurons avancé.
Mais cela demande de se changer, d’être à l’écoute des autres, de devenir flexible dans ses relations… et ça, je crains que ce soit la dernière chose que les êtres humains veuillent faire à une époque où les mondes virtuels leur permettent de vivre confortablement avec leur ego, avec leurs rêves, sans être jamais vraiment confrontés à qui que ce soit d’autre…
La dépendance technologique
Si j’ai choisi de m’en prendre, dans ce livre, non pas au nucléaire, aux OGMou aux nanotechnologies mais aux technologies de télécommunication, c’est que si les premières génèrent une pollution physique considérable et mettent en péril l’environnement, ces dernières, en s’érigeant en intermédiaire omniprésent, polluent les échanges humains de manière considérable, même si cela est difficilement détectable.
J’ai l’intime conviction que le problème écologique ne peut être réglé qu’en s’intéressant à l’écologie dite « humaine », que j’ai choisi de nommer écosophie. Si avec l’écologie, c’est l’homme qui essaie de « sauver » la Nature, avec l’écosophie c’est la Nature qui indique à l’homme comment se « sauver » lui-même en rétablissant des bases de vie naturelles. L’écosophie ne considère pas l’environnement comme quelque chose d’extérieur à nous, mais comme étant en intime relation avec notre vie intérieure.
Cependant, les technologies sont un obstacle majeur à cette régénération du tissu social – ô combien nécessaire – car elles permettent, presque toutes, de nous affranchir de nos semblables. Pour prendre rapidement quelques exemples : la voiture et son cousin des champs, le tracteur, ont détruit en quelques décennies toute l’économie rurale, 18
et donc avec elle, la vie sociale des campagnes. La radio, en fournissant toute la musique qu’on souhaitait à domicile, a éliminé le besoin de se rencontrer autour de la musique. (A une époque, la majorité des gens jouaient d’un instrument.) L’effet de la télévision a été pire encore. Et maintenant Internet permet à chacun de vivre « librement » la vie qu’il veut, avec qui il veut, sans plus aucune contrainte sociale.
Comment se fait-il que la contestation contre les technologies « sociales » est incomparablement moindre que celle contre le nucléaire ou les OGM ? Je crois que ce n’est pas seulement parce que les effets néfastes sont plus difficiles à déceler mais surtout parce qu’on touche ici à la sacro-sainte liberté individuelle. En les remettant en cause, on risque de passer nous-mêmes pour les tyrans.
Je tiens à préciser d’emblée – pour ceux que cela inquiète – que je n’ai aucune intention de me lancer dans une campagne politique contre Internet. Je ne cherche pas ici à convaincre « d’arrêter Internet », mais à aider à comprendre quels sont les effets de son utilisation, afin que chacun puisse faire un choix conscient, en ayant toutes les cartes en main.
Je suis, pour ma part, scandalisé par la campagne qui a été menée mondialement contre la cigarette. Ce n’est pas en étant contraint – par la culpabilité, la peur et les interdictions – d’arrêter cette pratique qu’on comprendra la raison, tout individuelle, qui pousse à fumer. Cela ne fait que générer de la frustration et reporter le problème ailleurs, souvent en le compliquant. C’est un désastre au niveau psychologique, et pas seulement à cause du message contradictoire entre les publicités et les incitations horribles à arrêter.
Ce qui est aberrant – et symptomatique de notre temps – c’est que malgré les milliards dépensés dans la lutte contre le tabagisme, jamais personne n’a pris la parole dans les médias pour expliquer pourquoi les gens fument. C’est comme si on les prenait pour des imbéciles qui agissent sans raison ! Si on leur disait que l’effet du tabac est de nous protéger de notre environnement, qu’il diminue la sensibilité par rapport aux 1
autres – comme on peut le sentir chez les « vieux fumeurs » qui ont comme une « carapace » autour d’eux – ils pourraient chercher en eux ce qui les induit à adopter ce comportement extérieur et éventuellement trouver la force pour être avec les autres sans se sentir agressés…
En ce qui concerne les technologies de télécommunication, mon but est, comme je l’ai dit au début, de les faire comprendre de l’intérieur car c’est seulement de cette manière qu’on peut éventuellement s’en détacher – si on le veut bien. Cela va demander un type de lecture particulier, avec de fréquents retours sur soi, ce qui n’est pas toujours évident. Je propose ici une véritable réflexion, c’est-à-dire un miroir de mon cheminement intérieur qui puisse éventuellement se réfléchir sur celui des autres, et les aider à avancer plus rapidement.
Je ne cacherai pas que ce chemin a été long pour moi, de 3 à 5ans suivant le point de vue. Cela ne fait que quelques mois que je peux me passer d’ordinateur sans aucun regret ou sentiment de frustration, et l’utiliser vraiment comme un outil quand je dois rédiger quelques textes. Lorsqu’on entend que je ne vais plus sur Internet sauf en cas d’extrême nécessité, on me prend pour un extrémiste, mais il m’a fallu beaucoup de temps et de patience pour en arriver là.
J’étais au début extrêmement dogmatique dans mes idées, ce qui rendait ma compagnie très pénible pour mes proches. A cette époque, je me suis rendu à plusieurs reprises dans des rassemblements anti-technologie mais, ce qui est amusant, c’est qu’il me fallait toujours revenir chez moi après une ou deux semaines car je me sentais trop mal, trop « aliéné » loin de mon ordinateur.
Ce n’était pas vraiment de l’hypocrisie (!) ; disons que j’avais bien vu les effets néfastes des technologies sur la société, il ne faisait pas de doute qu’elles étaient un facteur majeur du « désenchantement du monde », mais je n’avais encore rien compris des effets intérieurs d’Internet. Je ne voyais pas ce qui faisait que je me sentais si bien devant mon ordinateur, j’étais encore totalement inconscient de moi-20
même. Je pouvais adopter une position idéologique dure, mais cela ne m’aidait pas à comprendre – bien au contraire !
Peut-être est-il nécessaire d’un point de vue psychologique de passer par ces périodes passionnelles, peut-être doit-on se révolter contre le mensonge avant de pouvoir trouver soi-même la vérité. En tout cas, s’il y a parmi mes lecteurs des êtres qui se sont embourbés aussi profondément que moi dans les marécages d’Internet, je recommande de rester souple. Si la communication doit devenir naturelle, la désintoxication doit l’être aussi.
Le but n’est pas de s’imposer des restrictions frustrantes, mais de s’observer et surtout de retourner vers la vraie vie avec toujours plus d’intensité. A la fin de ce processus, il ne doit plus y avoir aucune envie de gâcher le temps qui nous a été donné de vivre et Internet semblera d’une utilité très relative quel que soit le nombre de distractions et d’informations qu’on y trouve.
Comprendre pour choisir
Les technologies nous sont vendues comme des moyens d’acquérir une plus grande liberté, mais on constatera que leur utilisation même élimine de grands domaines sur lesquels nous avions autrefois le choix. En « simplifiant la vie », elles la réduisent également. En effet, toute technologie suit une logique rigoureuse, qui est gravée dans le mécanisme même qui la constitue. Elle est le reflet de la pensée de ses créateurs.
Il en est qui pensent qu’Internet, quoiqu’étant un facteur de passivité et d’isolement, peut être détourné pour devenir un outil convivial, voire révolutionnaire. Mais quoiqu’on fasse sur la toile, quoiqu’on y dise, Internet reste à la base un moyen d’échanger des 0 et des 1 et, comme nous le verrons
1. En informatique, les nombres et les lettres sont réduits à des séries de 0 et de 1. Par exemple, 15se « traduit » par 1110. Cela facilite le traitement des données par circuit électrique. De même, les logiciels sont une longue suite de choix de type « ou bien, ou bien ». Toute l’informatique est donc conditionnée par cette logique purement binaire 21
au chapitre suivant, cela a pour effet de réduire énormément le canal de communication, et donc de vie.
Si les débats autour de la technologie ont toujours tendance à tourner autour du tout ou rien, c’est précisément parce qu’en acceptant d’utiliser une technologie, on doit accepter implicitement toute la logique qui lui est sous-jacente. Notre liberté est plus que jamais celle du consommateur qui, au bout de la chaîne de production, n’a plus que le choix entre une variété de produits accomplissant les mêmes fonctions.
Peut-être pourrait-on inventer d’autres technologies, avec d’autres logiques, qui soient « conviviales », c’est-à-dire, selon la définition d’Ivan Illich , qui prennent en compte l’être humain. Mais il faudrait déjà être bien sûr de comprendre ce qu’est l’être humain, ses aspirations profondes et sa plus haute raison d’être… Sinon, on risquerait de s’enfermer dans une prison plus subtile encore.
Ce que je propose pour ma part, c’est d’aller extraire la logique intégrée dans les technologies de télécommunication – logique qui est souvent inconsciente – et de regarder si elle correspond au domaine infiniment varié qu’est la vraie vie. Je crois que c’est seulement ainsi que le fossé entre les « pro » et les « anti » pourra être comblé, ainsi que celui entre les générations qui se comprennent de moins en moins au fur et à mesure que les innovations transforment les jeunes.
On ne peut pas se passer immédiatement et totalement de ces technologies, mais en faisant pas à pas, par la compréhension profonde, le chemin qui nous a conduits à cette impasse, on pourra éventuellement rectifier le tir et commencer à recréer une société qui soit accordée avec les lois naturelles. Je ne pense pas que cette nouvelle société aura besoin de machines – qui, par leur nature minérale, ont toujours tendance à cristalliser les choses – mais il faudra réinventer une contrepartie « sociale » pour chacun des et cela a des conséquences majeures.
1. La convivialité, Ivan Illich, Seuil, 1973
apparents avantages qu’offrent actuellement les technologies. Ce qui est un travail de titan.
Le but n’est pas de s’immobiliser dans l’austérité, ni de passer ses journées dans la rêverie en espérant y atteindre quelque chose, mais au contraire de reprendre fermement en main notre liberté d’action, qui est sur le point d’être totalement accaparée par les machines et leur « progrès qu’on n’arrête pas ».
Quel type de vie peut-il se construire en dehors du monde de la technologie ? Il n’y a pas pour cela de réponses toutes faites, car si les machines ont tendance à tout uniformiser dans une même logique binaire, la Nature, elle, offre un épanouissement des plus variés à ceux qui acceptent de se conformer à son cadre et de se mettre sous son aile protectrice.

vendredi 21 août 2009

En attendant le 30 septembre 2009, soirée-débat sur Internet



La rentrée est proche. Celle des "mercredis de la rue Férou" aura lieu le 30 septembre (18-20h). Le thème : "Débat pro et contra Internet", ) l'occasion de la parution du livre de Sébastien Vaas, L'enfer du virtuel (récit), 160 p., 17 euros.
Bientôt, les premières pages du livre sur le blog...

vendredi 31 juillet 2009

Au coeur de l'été...

Deux articles parus dans la presse (Rivarol ; Le Monde des Livres) :
- sur Maximilien Heller d'Henry Cauvain, roman policier datant de 1871
- sur les Ecrits sur le théâtre de Meyerhold (1874-1940)
Article paru dans Rivarol (12 juin 2009) sur Maximilien Heller d’Henry Cauvain, L’Âge d’Homme, 200 pages, 18 euros.
« Il est aussi longiligne, misanthrope, logique, intuitif que Sherlock Holmes ; il a lui aussi un médecin pour confident et faire-valoir, mais l’écrivain français Henry Cauvain imagina dè 1871 ce héros sombre et tourmenté qui recourt à l’opium comme l’Anglais à la cocaïne, soit seize ans avant que Conan Doyle ne publie les premières enquêtes du détective de Baker Street.
Celle de Maximilien le conduit, sous la Monarchie de Juillet finissante, de Paris au fin fond de la Bretagne sur les traces de trois redoutables tueurs et malfaiteurs qui se révéleront finalement n’en faire qu’un, diabolique personnage qui annonce le terrible Moriarty. On n’en révélera pas davantage pour ne pas déflorer ce roman policier – visiblement écrit sous l’influence d’Edgar Allan Poe – dont le style tout à la fois bonhomme et corseté fleure bon son XIXe siècle.
Qui est ce Cauvain ignoré des dictionnaires spécialisés, notamment celui de Jean Bourdier ? Lydwine Helly nous l’apprend dans son intéressante préface ». J. L.
Article paru dans Le Monde des Livres, édition du 3 juillet 2009, à l'occasion de la parution aux éditions l'Âge d'Homme du tome II des Ecrits sur le théâtre de Meyerhold :

Béatrice Picon-Vallin, spécialiste de l'oeuvre de Vsevolod Meyerhold (1874-1940) : "Meyerhold n'a jamais renoncé à son utopie"
En 1975 paraissait le tome II des Ecrits sur le théâtre, du metteur en scène russe Vsevolod Meyerhold (1874-1940), contemporain de Stanislavski. Ce volume étant épuisé, Béatrice Picon-Vallin en publie aujourd'hui une passionnante réédition, revue et augmentée. Entretien.
D'où vient votre intérêt pour Meyerhold ?
Il est né à travers des rencontres : avec un poète, Maïakovski, à qui j'ai consacré mon DEA, et un metteur en scène, Lioubimov, le directeur de la Taganka, à Moscou, chez qui je suis allée faire un stage à la fin des années 1960. J'étais donc un peu préparée à comprendre l'histoire engloutie. J'entends par là à travailler sur un très grand metteur en scène que le régime soviétique a longtemps voulu faire oublier : Meyerhold a été fusillé le 2 février 1940, en tant qu'ennemi du peuple, après un procès sommaire.
Il a été réhabilité en 1955.
Oui, mais seulement d'un point de vue juridique. On n'a su la vérité sur sa mort qu'en 1988. La réhabilitation esthétique a mis énormément de temps, car les esprits étaient marqués par la peur.
Votre ouvrage couvre la période 1917-1930. 1930, c'est l'année du suicide de Maïakovski, l'ami de Meyerhold. C'est aussi l'époque où celui-ci prend ses distances avec le régime, dont il est mal vu depuis longtemps.
Oui, il y a des textes de 1922 où Meyerhold dit que, si cela continue, il ne pourra plus travailler. Mais il ne manifeste pas de rupture avec le régime. C'est plutôt la culture officielle qui s'éloigne de lui. A terme, elle va le condamner comme formaliste. Mais Meyerhold se défend. Il reste communiste, et dit : "Je meurs en communiste."
C'est un homme qui n'a jamais renoncé à son utopie. Son adhésion au Parti communiste est théâtrale. Avant la révolution de 1917, il pressent qu'avec le changement de régime il aura un autre public que celui des théâtres impériaux. Pour lui, c'est essentiel. Il affirme très tôt que le public est le quatrième créateur, après l'auteur, le metteur en scène et l'acteur : il doit jouer un rôle, participer. Pour Meyerhold, si le public change, le théâtre est transformé. Et il l'a vraiment trouvé, ce public. Jusqu'en 1926-1927, il y a énormément de spectateurs populaires dans son théâtre de Moscou. Quand le régime lui reprochera de ne pas être compris par les travailleurs, il ira jouer dans les bassins ouvriers, et il prouvera que ce public est le sien.
Quels sont les autres points fondamentaux de la révolution du théâtre qu'appelle Meyerhold ?
Le décor est banni ; il devient un dispositif. Le texte n'est plus sacré, on peut l'adapter pour les besoins du spectacle, ce que Meyerhold fera même avec les classiques. Toutes les techniques du cinéma moderne sont exploitées, avec l'idée que l'on peut faire des montages. D'ailleurs, les grands cinéastes ont été formés dans les ateliers de Meyerhold, Eisenstein en premier. Il y a enfin le jeu de l'acteur, que Meyerhold renvoie au fonctionnement du cerveau. Pour lui, il y a d'abord le corps et le mouvement ; l'émotion vient après. La forme doit toujours laisser battre le coeur du contenu.
Meyerhold faisait un spectacle dans une direction, le suivant dans une autre. Chaque fois, il posait les problèmes du temps, de l'espace, de la musique, de la conjugaison de tous les arts et du jeu de l'acteur, liés au contexte politique. Quand il dut répondre à ses détracteurs, il déclara : "Comment voulez-vous que je fasse mon autocritique ? Tout mon chemin de créateur a été une autocritique." C'est très stimulant pour les jeunes gens qui veulent se consacrer au théâtre aujourd'hui.
ECRITS SUR LE THÉÂTRE, TOME II de Vsevolod Meyerhold. Traduction, préface et notes de Béatrice Picon-Vallin. L'Age d'Homme, 422 p., 33 €.
Propos recueillis par Brigitte Salino.

dimanche 26 juillet 2009

Au coeur de l'été...

Au coeur de l'été,
- la librairie l'Âge d'Homme du 5 rue Férou est ouverte : - 20 % du 15 juillet au 15 août sur les livres récents (Chesterton, Cuny, Haldas, Kuffer...), voir le site de la maison d'édition ;
- le théâtre Pépinnière Opéra (7 rue Louis le Grand 75002 à Paris) affiche jusqu'au 15 août la pièce de Sacha Guitry, "Aux deux colombes", montée et jouée par Jean-Laurent Cochet et sa compagnie. C'est drôle, vif et admirablement mené par tous les comédiens.

jeudi 25 juin 2009

Compte rendu de la soirée du mercredi 24 juin 2009

Une cinquantaine de personnes étaient venues faire leurs réserves de livres pour l'été. Nos visiteurs ont pris la liste des livres de l'été des invités des "mercredis de la rue Férou" depuis janvier 2009. Chacun avait choisi un titre disponible et avait ajouté une phrase d'argumentaire. On peut trouver ci-dessous ; elle est également disponible à la librairie.
Les lecteurs étaient curieux d'une liste de titres très divers (essai, roman, histoire...; classiques et nouveautés). Jean Ferré, le fondateur et patron de Radio Courtoisie, avait bien raison de demander chaque été à ses invités : quel est le livre que vous offririez à un ou une amie et pourquoi ?
La librairie reste ouverte tout l'été. A bientôt. Bonne lecture à tous ! Et merci de votre amicale présence !
Les livres de l’été 2009 conseillés par les invités de la rue Férou »
· Dusan Batakovic, Kosovo : un conflit sans fin ?, L’Âge d’Homme [par Kosta Christitch : « la meilleure étude historique sur le sujet utilisant la bibliographie la plus récente, organisée en courts chapitres d’une dizaine de pages ; publié peu avant que la nomination de Dusan Batakovic comme ambassadeur à Paris »
· Erwan Bergot, Sud lointain, Omnibus [par Aude Dugast : « une fresque historique et romantique qui donne toute la saveur du Vietnam pendant la période française »
· Henry Cauvain, Maximilien Heller, L’Âge d’Homme [par Lydwine Helly : « un très bon roman policier précurseur (1871), dont le héros annonce Sherlock Holmes (1897) »
· Mikhaïl Cholokhov, Le don paisible, Omnibus [par Polina Zinoviev : « chef-d'oeuvre époustouflant et infiniment profond. Et quelles descriptions uniques du paysage ! »
· Cingria, Colères et antidotes [par Gérard Conio : « Cette parution s’inscrit dans une série déjà longue de livres de Cingria parus dans la collection « Poches Suisse » de l’Age d’homme. C’est Cingria intitulée Colères et antidotes. Cette parution s’inscrit dans une série déjà longue de livres de Cingria parus dans la collection « Poches Suisse » de l’Age d’homme.
· Maxime Cohen, Promenades sous la lune, Grasset [par Anne Martin-Conrad : « suite de chroniques à la fois savantes et distanciées, pleines d'humour »
· André Corboz et Giordano Tironi, L’espace et le détour. Entretiens et essais sur le territoire, la ville, la complexité et les doutes [par Gérard Conio : « chef-d’œuvre sur les problématiques actuelles sur l’architecture et la ville »
· Dobritsa Cosic, Le temps de l’imposture ou le roman de Tito, L’Âge d’Homme [par Vladimir Dimitrijevic : « clôt le cycle romanesque de Cosic par le grand portrait d’un usurpateur, de l’espèce des satrapes »
· Georges-Paul Cuny, Si ceux-là se taisent les pierres crieront, L’Âge d’Homme [par Carla Volkoff : « l’auteur ose raconter le destin d’un prêtre de notre temps
· Daniel Defoe, Robinson Crusoé [par Olga zinoviev : « parce que c’est un livre aventurier et cognitif, doté d'une grande sagesse, et en surplus merveilleusement intéressant à lire »
· Iouri Droujnikov, « La seconde femme de Pouchkine », traduit du russe par Lucile Nivat, Fayard [par le Pr Georges Nivat : « une fantaisie drôle avec amertume »
· Jean Dutourd, La chose écrite. Chroniques littéraires, Flammarion [par Bernard de Fallois : « pour lire les préfaces qu’a écrites Jean Dutourd sur des livres qu’on n’a pas lus, ou pas encore lus…»
· Georges Haldas, Vertige du temps, L’Âge d’Homme [par Jean-Laurent Cochet : « un nouveau carnet du merveilleux Haldas qui nous accompagne dans la vie avec ses ‘minutes heureuses’ quotidiennes »
· Philippe Le Guillou, Le dernier veilleur de Bretagne, Mercure de France [par Anne Martin-Conrad : « hommage, très ressenti, à Julien Gracq »
· Frédéric Le Moal, La Serbie, du martyre à la victoire (1914-1918), 14-18 Eds [par Anne-Marie Widlund-Fantini : «
· Prince de Ligne, Les plus belles pages, Mercure de France [par Sylvoisal : « symbole de l’Ancien Régime heureux ; le prince de Ligne a côtoyé les philosophes et a conservé la foi catholique ; c’est un moraliste qui parle d’amour, d’amitié, de guerre aussi »
· Horace McCoy, On achève bien les chevaux, Gallimard, Folio [par Alain Paucard : « la métaphore de notre époque »
· Jean Mauduit, Denis Huisman : Une faim si dévorante, Jean Picollec (Par Louis Monier : « sur le fondateur des écoles formant aux métiers de la communication dans la francophonie »
· Ladislas Reymont, Les paysans, L’Âge d’Homme [par Lydwine Helly : « écrit par le prix Nobel de littérature 1925 ; un roman de passions et de foi au rythme des quatre saisons d’un village dont on quitte à regret, après plus de 900 pages, les héros et leurs familles »
· Frédéric Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra, Flammarion [par Me Jacques Vergès : « un livre qui nous aide à vivre »
· Maurice Pergnier, Lettre d’Amorgos, L’Âge d’Homme [par Kosta Christitch : « confidences de l’auteur sur les rencontres, les scènes et les paysages de la vie insulaire grecque »
· Jacques Perret, Enfantillages, Le Dilettante [par Jean-Marie Le Méné : « quelques nouvelles sur les éblouissements de l’enfance, pleines de charme et de drôlerie »
· Dominique de Villepin, Le soleil noir de la puissance (1796-1807), Perrin [par Georges-Paul Cuny : « magnifique livre d’histoire »
· Vladimir Volkoff, L’hôte du pape, Rocher [par Marie-Aude Albert : « un roman plein d’action, d’histoire, de métaphysique et d’humour »
· Vladimir Volkoff, Métro pour l’enfer, L’Âge d’Homme, poche [par le Pr Maurice Pergnier : « un roman de science-fiction poétique qui a reçu le Prix Jules Verne"
· Victor Segalen, René Leys, Gallimard, Folio [par le Pr Charles Zorgbibe : « le plus beau roman de langue française »

Les derniers titres de nos auteurs parus à l’Âge d’Homme :

Komnen Becirovic, Le Kosovo sur le calvaire. Chronique de l'emprise albanaise sur le Kossovo à l'ombre des diverses tyrannies
Chaunes et Sylvoisal, Contre la démission des poètes
Chaunes, Aux portes du Tartare (poésie)
Sylvoisal, Les os de l’insomnie (poésie)
Gérard Conio, Du goût public (essai)
Gérard Conio, Les avant-gardes entre métaphysique et histoire (essai)
Georges-Paul Cuny, Si ceux-là se taisent les pierres crieront (roman)
Vladimir Dimitrijevic, Personne déplacée (entretiens avec Jean-Louis Kuffer)
Bosko Dukanac, Dans le collimateur de l’Otan. La face de l’agression contre la Yougoslavie du 24 mars 1999
Pierre-Marie Gallois, Revanches (essai géopolitique)
Georges Haldas, Le vin de l’absolu (entretiens avec Serge Mola)
Georges Haldas, Vertige du temps (carnets)
Christian Malis, Pierre Marie Gallois. Géopolitique. Histoire. Stratégie (biographie)
Mohamed Anouar Moghira, L’Egypte, clé des stratégies au Moyen Orient. Trente ans de politique égyptienne et arabe sous Hosni Moubarak (1981-2011)
Georges Nivat, Vivre en russe
Alain Paucard, Recueil des Ronchons (à paraître)
Maurice Pergnier, Lettre d’Amorgos
Philippe Paulino, Les peupliers effervescents
Barbara Polla, Amor o Muerte
Sébastien Vaas, L’enfer du virtuel (essai)
Anne-Marie Widlund-Fantini, Mémoires de cendre. Carnets du front de Serbie (octobre-décembre 1915)

mercredi 17 juin 2009

En attendant le 24 juin 2009, soirée "Livres de l'été"

Les éditions l’Âge d’Homme vous invitent au 6ème « mercredi de la rue Férou » le mercredi 24 juin 2009 (18 à 20h).

La soirée sera consacrée aux livres de l’été conseillés par tous les invités qui ont participé aux « mercredis de la rue Férou » et en leur présence.

Nos invités depuis le mois de janvier 2009 : Carla Volkoff (soirée Volkoff en janvier) ; Georges-Paul Cuny (soirée Si ceux-là se taisent les pierres crieront en février) ; Komnen Becirovic, Kosta Christitch, Bosko Dukanac, Pierre-Marie Gallois, Alain Paucard, Maurice Pergnier, Jacques Vergès, Anne-Marie Widlund-Fantini, Olga Zinoviev, Charles Zorgbibe (soirée 10ème anniversaire du 24 mars 1999) ; Jean-Laurent Cochet, Georges Haldas (soirée Haldas en avril) ; Gérard Conio, Vladimir Dimitrijevic, Georges Nivat (soirée « Classiques slaves » en mai) ; Chaunes et Sylvoisal (soirée poésie) ; Pierre-Marie Gallois, Christian Malis, Colonel Moghira (soirée géopolitique) ; Barbara Polla (présentation de Amor o Muerte)…
et le choix de personnalités amies de la maison : Marie-Aude Albert, Aude Dugast, Bernard de Fallois, Jean-Marie Le Méné, Louis Monier, Philippe Paulino, Polina Zinoviev…

Que l’on parte ou pas en vacances, l’été est un moment propice à la lecture, aussi nous vous donnons rendez-vous pour le 6ème « mercredi de la rue Férou » le 24 juin 2009 de 18 à 20h, pour une soirée consacrée aux livres de l’été. Seront présents les invités qui ont participé aux soirées de la rue Férou. Ils vous conseilleront un ou deux titres de livres de l’été avec un court argumentaire. La liste des titres choisis par les différents invités sera disponible à la librairie, ainsi que les livres qu’ils auront choisis.
Une précision utile : la librairie reste ouverte tout l’été...

Le mercredi 24 juin :
présentation du nouveau livre de Philippe Paulino, Les peupliers effervescents (roman) ; en présence de l’auteur (écouter ou réécouter l’émission de France-Culture du lundi 15/06/2009, « A plus d’un titre », 15h-15h 30, consacré à Philippe Paulino, sur le site de radiofrance.fr).

Librairie l’Âge d’Homme, 5 rue Férou, 75006 PARIS (M° Saint-Sulpice ou Mabillon) entre le Musée du Luxembourg et la place Saint-Sulpice.
Pour tout renseignement : 01 55 42 79 79
consulter le blog : http://librairieagedhomme5rferouparis.blogspot.com/

lundi 15 juin 2009

En attendant le 24 juin 2009, soirée "Livres de l'été"

Présentation du roman de Philippe Paulino, Les peupliers effervescents (Âge d'Homme).
Philippe Paulino sera l'invité de l'émission "A plus d'un titre" sur France-Culture, le lundi 15/06/2009, entre 15h et 15h 30 (à réécouter sur le site radiofrance.fr).
Philippe Paulino sera présent au 6ème "mercredi de la rue Férou" le 24 juin 2009 de 18h à 20h.

jeudi 4 juin 2009

En attendant le 24 juin 2009, soirée "Livres de l'été"


Les éditions l’Âge d’Homme vous invitent à la 6ème séance des "mercredis de la rue Férou" le mercredi 24 juin 2009 (18 à 20h).
La soirée sera consacrée aux "livres de l’été" conseillés par les invités et personnalités qui ont participé aux « mercredis de la rue Férou » depuis le mois de janvier 2009.
Que l’on parte ou pas en vacances, l’été est un moment propice à la lecture, aussi nous vous donnons rendez-vous pour le 6ème « mercredi de la rue Férou » le 24 juin 2009 de 18 à 20h, pour une soirée consacrée aux livres de l’été. Seront présents les invités qui ont participé aux soirées de la rue Férou. Ils vous conseilleront un ou deux titres de livres de l’été.La liste des titres choisis par les différents invités sera disponible à la librairie.Une précision utile : la librairie reste ouverte tout l’été...
Librairie l’Âge d’Homme, 5 rue Férou, 75006 PARIS (M° Saint-Sulpice ou Mabillon) entre le Musée du Luxembourg et la place Saint-Sulpice.
Pour tout renseignement : 01 55 42 79 79
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Compte rendu de la soirée géopolitique du 3 juin 2009

La rencontre « Geopolitique » était consacrée à la présentation des nouveaux livres du général Gallois, de Christian Malis et du colonel Moghira.
► Général Pierre Marie GALLOIS, Revanches (essai, 93 p., 15 euros)
► Christian MALIS, Pierre Marie Gallois. Géopolitique. Histoire. Stratégie (biographie, 750 p., 39 euros)
► Colonel Mohamed Anouar MOGHIRA, L’Égypte, clé stratégique du Moyen Orient (histoire, préface de P.M. Gallois, 350 p., 29 euros).
La rencontre a commencé à 15h par le film que Bogdan Manolovic a consacré au général Gallois. C'est une interview réalisée en février 2009 où le général témoigne de son rôle pendant la guerre de Yougoslavie. Le film dure 20 minutes. Nous allons faire des copies du DVD qui seront disponibles à la librairie de la rue Férou. Le général Gallois est restée 1 heure et nous a régalés de phrases politiques historiques mais incongrues.
Une quarantaine de personnes sont venues à la rue Férou à la rencontre des invités.
Christian Malis a présenté la biographie qu'il a consacrée au général Gallois, insistant sur les différentes facettes de cette personnalité dans les milieux militaires, industriels et politiques.
Le colonel Moghira, a son tour, a mis l'accent sur l'importance de l'Egypte à l'échelle régionale et aux incertitudes de la fin du mandat du président Moubarak.
Les débats ont été animés. Chacun des intervenants s'est engagé à revenir répondre aux questions des amis des "mercredis de la rue Férou".

En attendant le 24 juin 2009, soirée "Livres de l'été"

Les éditions l’Âge d’Homme vous invitent au 6ème mercredi de la rue Férou le mercredi 24 juin 2009 (18 à 20h).
La soirée sera consacrée aux "livres de l’été" conseillés par les invités et personnalités qui ont participé aux « mercredis de la rue Férou » depuis le mois de janvier 2009.
Que l’on parte ou pas en vacances, l’été est un moment propice à la lecture, aussi nous vous donnons rendez-vous pour le 6ème « mercredi de la rue Férou » le 24 juin 2009 de 18 à 20h, pour une soirée consacrée aux livres de l’été. Seront présents les invités qui ont participé aux soirées de la rue Férou. Ils vous conseilleront un ou deux titres de livres de l’été.
La liste des titres choisis par les différents invités sera disponible à la librairie.
Une précision utile : la librairie reste ouverte tout l’été...

Librairie l’Âge d’Homme, 5 rue Férou, 75006 PARIS (M° Saint-Sulpice ou Mabillon) entre le Musée du Luxembourg et la place Saint-Sulpice.
Pour tout renseignement : 01 55 42 79 79
consulter le blog :
http://librairieagedhomme5rferouparis.blogspot.com/

jeudi 28 mai 2009

Soirée géopolitique le mercredi 3 juin 2009 de 15 à 18 h

Les éditions l’Âge d’Homme vous invitent à une soirée « Geopolitique »le mercredi 3 juin 2009 (15-18h)autour du général Gallois, de Christian Malis et du colonel Moghira.
Présentation des nouveaux livres, débats, dédicaces des auteurs…
► Général Pierre Marie GALLOIS, Revanches (essai, 93 p., 15 euros)
► Christian MALIS, Pierre Marie Gallois. Géopolitique. Histoire. Stratégie (biographie, 750 p., 39 euros)
► Colonel Mohamed Anouar MOGHIRA, L’Égypte, clé stratégique du Moyen Orient (histoire, préface de P.M. Gallois, 350 p., 29 euros)

À 15 heures précises, diffusion d’un film sur le général Gallois (interview réalisée en février 2009 - durée 20mn)

Librairie l’Âge d’Homme5 rue Férou 75006 PARIS M° Saint-Sulpice ou Mabillon ; tél. : 01 55 42 79 79
Pour tout renseignement : http://librairieagedhomme5rferouparis/blogspot.com/

Compte rendu de la soirée du mercredi 27 mai 2009

Le Pr Georges Nivat, Vladimir Dimitrijevic et le Pr Georges Nivat, les trois directeurs de la collections des "Classiques slaves" de l'Âge d'Homme ont commencé la soirée à 18h devant un auditoire très entassé dans la librairie. Combien étions-nous ? 70-80 ? Quelques uns n'ont pas pu entrer.
Comment la collection est-elle née ? Comment les premiers directeurs se sont-ils rencontrés ?
Georges Nivat a évoqué la publication du premier livre de la collection (Petersbourg d'Andrei Biely) sous les auspices de Dominique de Roux, ami de Georges Nivat et Vladimir Dimitrijevic. Roman extraordinaire traduit par deux jeunes normaliens, agrégés de russe, en poste alors à Toulouse : Jacques Catteau et Georges Nivat. L'esprit de la collection est à la fois ouvert aux classiques comme Gontcharov et aux innovateurs inclassables comme Alexandre Zinoviev.
Vladimir Dimitrijevic a expliqué que la collection est née quand il avait 15-16 ans à Belgrade, bien avant de devenir éditeur. Le jeune homme et ses amis étaient de grands lecteurs. Quand il a émigré à l'Ouest, il s'est aperçu que les éditeurs n'avaient que très peu de livres d'Europe de l'Est. Il y avait toute une littérature ignorée à faire découvrir à l'Ouest. C'était, c'est toujours, pour Dimitrijevic une manière d'aimer et de faire aimer l'Europe.
Gérard Conio a rejoint le groupe un peu plus tard. Il rencontre Dimitrijevic en 1972. Enseigne en Pologne, URSS et Tchécoslovaquie. Grand amateur de Witkiewicz, l'auteur de l'Inassouvissement, il s'est plus particulièrement intéressé aux avant-gardes, au constructivisme, au thème du double...
"L'Archipel slave" n'existerait pas sans les traducteurs. Etaient présents : Lucile Nivat, Anne Renoue, Vladimir Cerjovic, Catherine Brémeau...
Signalons aussi la présence de Françoise Lesourd, maître d'oeuvre du futur dictionnaire de la philosophie russe, à paraître au second semestre 2009.

mercredi 27 mai 2009

Soirée géopolitique le mercredi 3 juin 2009 de 15 à 18 h

Les éditions l’Âge d’Homme vous invitent à une soirée « Geopolitique »
le mercredi 3 juin 2009 (15-18h)
autour du général Gallois, de Christian Malis et du colonel Moghira. Présentation des nouveaux livres, débats, dédicaces des auteurs…

Général Pierre Marie GALLOIS, Revanches (essai, 93 p., 15 euros)
Christian MALIS, Pierre Marie Gallois. Géopolitique. Histoire. Stratégie (biographie, 750 p., 39 euros)
Colonel Mohamed Anouar MOGHIRA, L’Égypte, clé stratégique du Moyen Orient (histoire, préface de P.M. Gallois, 350 p., 29 euros)

À 15 heures précises, diffusion d’un film sur le général Gallois (interview réalisée en février 2009 - durée 20mn)

Librairie l’Âge d’Homme
5 rue Férou 75006 PARIS
M° Saint-Sulpice ou Mabillon
01 55 42 79 79
Pour tout renseignement : www.http://librairieagedhomme5rferouparis/blogspot.com/

lundi 25 mai 2009

En attendant le 27 mai 2009, soirée "Classiques slaves"

Présentation des directeurs de la collection des « Classiques slaves » :
Pr Gérard Conio, professeur d’université ; littératures slaves (université de Nancy) ; ouvrages récents : Figures du double dans la littérature européenne (Age d’Homme, 2001) ; Du goût public : Nouveaux essais sur l’art (Âge d’Homme, 2006 ; Eisenstein : le cinéma comme art total (In Folio, 2007); traducteur.
Vladimir Dimitrijevic, éditeur, fondateur et directeur des éditions l’Âge d’Homme ; auteur de La vie est un ballon rond (La Table Ronde, 2007) ; Personne déplacée (entretiens avec Jean-Louis Kuffer, Poche Suisse, 2008) directeur et fondateur des éditions l'Âge d'Homme.
Pr Georges Nivat, professeur d’université ; littérature russe (université de Genève) ; ouvrages récents : Vivre en russe (Âge d’Homme, 2007) ; Les sites de la mémoire russe (Fayard, 2007) ; Le phénomène Soljenitsyne (Fayard, 2009)
Au 27 ! A 18h précises.

mercredi 20 mai 2009

En attendant le 27 mai 2009, soirée "Classiques slaves"

La 5ème séance
des « mercredis de la rue Férou »
aura lieu le 27 mai 2009 (18-20h)
sur le thème des « Classiques slaves »
avec les directeurs de la collection :
Pr Gérard Conio
Vladimir Dimitrijevic
Pr Georges Nivat.

Les collections slaves de l'Âge d'Homme forment aujourd'hui le plus bel ensemble de l'édition mondiale : plus de 700 titres disponibles !

5 rue Férou 75006 PARIS (entre Musée du Sénat et église St-Sulpice)
M° Saint-Sulpice ou Mabillon
01 55 42 79 79

jeudi 14 mai 2009

Le 5ème "mercredi de la rue Férou" : le 27 mai 2009, les "Classiques slaves", la plus belle collection slave de l'édition mondiale

La 5ème séance des « mercredis de la rue Férou » aura lieu le 27 mai 2009 (18-20h).
Le thème : la collection des « Classiques slaves », fleuron des éditions l’Âge d’Homme.
Invités : Gérard Conio, Vladimir Dimitrijevic et Georges Nivat (directeurs de la collection).
Présentation, débats, nouveautés…
5 rue Férou 75006 PARIS
M° Saint-Sulpice
01 55 42 79 79
Pour tout renseignement : http://www.http//librairieagedhomme5rferouparis/blogspot.com/

La collection des « Classiques slaves » est née en 1966, avec la maison d’édition l’Âge d’Homme. Elle est pour Vladimir Dimitrijevic la « collection de la grande pacification européenne ». A une époque où la littérature de l’Est de l’Europe était très partiellement connue pour ne pas dire inconnue. Vladimir Volkoff avait un mot pour le dire : il disait qu’en Occident, on connaissait « Tolstoïevski »… Cette littérature reste mal connue alors qu’il y a tant de merveilles à découvrir.
Le premier livre de la collection fut le roman Petersbourg d’Andreï Biély, traduit par deux jeunes universitaires Jacques Catteau et Georges Nivat, avec une préface de Pierre Pascal et une postface de Georges Nivat. Immense défi de traduction et premier titre d’une collection qui est aujourd’hui le plus bel ensemble slave de l’édition mondiale. On compte environ 700 titres (sur les 4000 de la maison d’édition) dans « L’Archipel slave », comme l’appelle Vladimir Dimitrijevic.
« L’Archipel slave » rassemble les collections des « Classiques slaves » ; la collection de la « Sophia » pour la théologie orthodoxe, fondée par Constantin Andronikof ; la « Slavica » (pour les essais et témoignages) ; la « Petite collection slave », sans oublier les ouvrages parus dans les collections des « Grands spirituels orthodoxes du XXe siècle » (dirigée par Jean-Claude Larchet), les Art, Théâtre, Cinéma, Musique, la revue Communisme (dirigée par Stéphane Courtois)… Tout un ensemble dont les éléments sont distincts mais pas séparés.
La collection des « Classiques slaves » est reconnaissable par des couvertures ocres marquées des lettres cyrilliques « CK », pour « Slovenski Klasiki ».
Les directeurs fondateurs de la collection étaient Jacques Catteau, Vladimir Dimitrijevic et Georges Nivat, et sont aujourd’hui Georges Conio, Vladimir Dimitrijevic et Georges Nivat.
Les aventures éditoriales ne manquent pas. Les directeurs de la collection évoqueront l’arrivée clandestine à l’Ouest du microfilm de Vie et destin de Vassili Grossmann ; la découverte en Occident de l’œuvre d’Alexandre Zinoviev… La reparution toute récente du superbe roman Les Paysans du Polonais Ladislas Reymont (934 p.) et tant d’autres titres d’auteurs connus ou moins connus.
Le travail des traducteurs est primordial dans ces collections de « L’Archipel slave ». Ils seront nombreux le mercredi 27 mai 2009.